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En se querellant


"SGANARELLE, MARTINE, paraissant sur le théâtre en se querellant"
Le Médecin malgré lui, I, 1

Une querelle semblable à celle de Sganarelle et Martine avait constitué un des moments forts de la comédie Lubin ou le Sot vengé de Raymond Poisson, créée à l'Hôtel de Bourgogne en 1661 (1).

Le même auteur reprendra le modèle de la dispute conjugale en lever de rideau dans Les Faux Moscovites (1668) (2).

Le modèle de ces disputes conjugales avait été procuré par plusieurs textes imprimés des années 1620 :

(voir aussi "Fantaisie et dialogue VII : "Qui sont les mauvais ménagers")

Elles sont également décrites à plusieurs reprises

Voir aussi, plus bas, "ivrogne" et "ne fait que jouer" ; ainsi que, dans Amphitryon, "mérites-tu, pendard".


(1)

LUBIN
[...]
Et le diable ayant l'avantage
D'avoir fait notre mariage,
Il n'a pas trop mal réussi,
Car il le voulait bien aussi.

LUBINE
Ah ! que de t'avoir je suis lasse !
L'on me montre au doigt quand je passe,
Voilà la femme de ce gueux
Dit-on.

LUBIN
Moi l'on me montre à deux.

LUBINE
Moi, t'avoir pris ! moi qui suis la fille
D'un bon tapissier de la ville.

LUBIN
C'est pourquoi, l'on me l'a bien dit,
Tu fais de si bons tours de lit.

LUBINE
Quoi tu veux jaser, chien d'ivrogne !
Lire la suite...
(Poisson Lubin ou le sot vengé [1661], scène 5, éd. de 1678, p. 10-11)

(2)

LUBIN, LUBINE.

LUBIN, ivre. Ce n'était pas du vin, c'était de l'ambroisie.

LUBINE. L'ivrogne!

LUBIN. Laisse-moi vivre à ma fantaisie.

LUBINE. Et crève, que jamais je ne te puisse voir.

LUBIN. Nargue, je veux toujours... Noir à noircir, du noir.

LUBINE. Il croit avoir sa boeste ; ah ! le maudit ivrogne !

LUBIN. Quand je fais mon métier, va faire ta besogne.

Que je me porte bien quand je suis en repos !

Noircir....
LUBINE. Il croit toujours la boeste sur son dos.

Apprends de moy, Lubin....

LUBIN. Apprens de moy, Lubine.

LUBINE. Écoute-moi, coquin.

LUBIN. Je t'écoute, coquine.

LUBINE. Puisque tu manges tout avecque cent vauriens,

Je vais me séparer et de corps et de biens :

Tu ne trouveras rien que les quatre murailles.

J'entre en condition tout à l'heure.

LUBIN. Tu railles.

LUBINE Hé! Tu verras, tu verras si je raille, ce soir.

LUBIN. Hé! je sais les moyens... Noir à noircir, du noir.

Ma femme, tu crois donc, à cause qu'on enrage,

Quand on est marié qu'on se démariage.

Oui-da, je le sais bien. Je veux dîner ce soir.

Mais va-t-en, car jamais.... Noir à noircir, du noir.
(I, 1, éd. de 1863, p. 459)

--

(3)

Autre dispute d'un mari avec sa femme
Un autre [...], ayant un jour une dispute avec sa femme, où elle voulait être la maîtresse et lui voulait qu'elle obéît : "Bien, ce dit-elle, je vous réponds que je ne veux plus souffrir de vous et que dorénavant je veux que tout aille à ma tête". Aussitôt le mari lève la main pour la frapper, mais elle se met en défense, étant bien femme pour lui. Ce que craignant, il prend un gros bâton et, n'osant s'approcher d'elle, lui jette à la tête, après un plat, une assiette, un chandelier et tout ce qu'il peut rencontrer sous ses mains. L'ayant attrapée en quelques parties de la tête, elle saignait en plusieurs endroits et, voyant qu'elle n'était la plus forte, elle se met à crier si haut que les voisins y accoururent et, la voyant en cet état, reprirent le mari, lui disant qu'il avait tort de traiter ainsi sa femme.

Autre sur le même sujet
Un homme de pareille humeur que celui dont nous venons de parler, et qui avait une aussi méchante femme pour le moins, étant un jour en dispute avec elle, elle lui conta mille injures, de façon que, n'en pouvant plus souffrir, il lui donna deux ou trois beaux soufflets ; elle se voulut revancher, mais, se trouvant la plus faible, elle eut recours aux larmes et aux injures, criant miséricorde, et disant tout haut qu'elle était perdue. Ce que voyant le mari, pour la faire crier plus haut, prend un bâton et se met à ruer dessus de toute sa force ; elle se met à crier de façon que tous les voisins accourent au bruit, qui virent de quelle façon la traitait son mari; ils se mirent au devant pour la défendre et, retenant le bras à cet homme, le blâmèrent, quelque juste sujet qu'il en eût, d'user envers elle de telle violence.
(éd. G. Brunet, 1883, t. I, p. 116-118)

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(4)

D’un homme qui contenta sa femme

Une femme étant à table avec son mari, entra en quelque différent, jusques à dire qu’elle voulait que tout allât à sa tête ; le mari pour la contenter lui jeta pots, plats et assiettes par la tête [...].
(Les Divertissements curieux, ou Le Trésor des meilleures rencontres et mots subtils de ce temps, Lyon, Jean Huguetan, 1650, p. 48)

Dispute de trois hommes contre leurs femmes

Trois hommes étant un jour ensemble à boire, et se réjouir dans un cabaret, où ils passèrent la plus grande partie du jour, étaient en peine, comme à leur retour ils apaiseraient leurs femmes qui étaient d’étrange humeur et extrêmement terribles. […] Ils vont donc tous trois chez la femme du premier, qui d’abord qu’elle le vit commence à l’appeler ivrogne, fripon, maraut, et à quereller les deux autres qu’ils débauchaient son mari […]. De là ils s’en allèrent touts trois au logis du second, qui trouva sa femme tout aussi courtoise envers lui que son compagnon avait fait la sienne, qui lui conta quantité d’injures, avec des menaces […]
(Les Récréations françaises, ou nouveau recueil de contes à rire, Rouen, Pierre Ferrand, 1665, t. I, p. 133-135)

Autre dispute d’un mari avec sa femme

Un autre (bien plus vertueux qui cettui cy envers sa femme, car il en était le maître, quoiqu’ils fussent tous les jours en querelle ensemble : où l’autre n’était que simple valet) ayant un jour une dispute avec sa femme, où elle voulait être la maîtresse, et lui voulait qu’elle obéît. Bien, ce dit-elle, je vous répond que je ne veux plus souffrir de vous, et que dorénavant je veux que tout aille à ma tête. Aussi tôt le mari lève la main pour la frapper, mais elle se met en défense, étant bien femme pour lui. Ce que craignant il prend un gros bâton, et n’osant approcher d’elle, lui jette à la tête, après un plat, une assiette, un chandelier, et tout ce qu’il peut rencontrer sous ses mains […] elle se met à crier si haut que les voisins y accoururent, qui la voyant en cet état reprindrent le mari, lui disant qu’il avait tort d’ainsi maltraiter sa femme.
(Les Récréations françaises, ou nouveau recueil de contes à rire, Rouen, Pierre Ferrand, 1665, t. I, p. 138-139

Autre sur le même sujet : p. 140-141

D’un homme et de sa femme
Un homme avait épousé une jeune femme fort jolie, avec laquelle il était tous les jours en continuelle dispute…
(Les Récréations françaises, ou nouveau recueil de contes à rire, Rouen, Pierre Ferrand, 1665, t. I, p. 147-148)




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