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Voilà de mes esprits forts


"Eh bien, Monsieur? - Allons, sortons d'ici. - Voilà de mes esprits forts qui ne veulent rien croire."
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 5

L'incrédulité des "esprits forts" et "de certains petits impertinents dans le monde" est dénoncée

Mais, hommes doctes et curieux, si vous voulez discuter la religion, apportez-y du moins et la gravité et le poids que la matière demande. Ne faites point les plaisants mal à propos dans des choses si sérieuses et si vénérables. Ces importantes questions ne se décident pas par vos demi-mots et par vos branlements de tête, par ces fines railleries que vous nous vantez, et parce dédaigneux souris. Pour Dieu, comme disait cet ami de Job, ne pensez pas être les seuls hommes et que toute la sagesse soit dans votre esprit, dont vous nous vantez la délicatesse. Vous qui voulez pénétrer les secrets de Dieu, ça ! paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature; choisissez ou ce qui est loin ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes ! Quoi ! partout votre raison demeure arrêtée ! partout ou elle gauchit, ou elle s'égare, ou elle succombe ! Cependant vous ne voulez pas que la foi vous prescrive ce qu'il faut croire. Aveugle, chagrin et dédaigneux, vous ne voulez pas qu'on vous guide et qu'on vous tende la main. Pauvre voyageur égaré et présomptueux, qui croyez savoir le chemin, qui vous refusez la conduite, que voulez-vous qu'on vous fasse ? Quoi ! voulez-vous donc qu'on vous laisse errer ? Mais vous vous irez engager dans quelque chemin perdu ; vous vous jetterez dans quelque précipice. Voulez-vous qu'on vous fasse entendre clairement toutes les vérités divines ? Mais considérez où vous êtes et en quelle basse région du monde vous avez été relégué. Voyez cette nuit profonde, ces ténèbres épaisses qui vous environnent, la faiblesse, l'imbécillité, l'ignorance de votre raison. Concevez que ce n'est pas ici la région de l'intelligence. Pourquoi donc ne voulez-vous pas qu'en attendant que Dieu se montre à découvert ce qu'il est, la foi vienne à votre secours et vous apprenne du moins ce qu'il en faut croire ?
(éd. des Oeuvres complètes par F. Lachat, t. VIII, 1862, p. 185)

Disons donc en peu de mots que l’aveuglement spirituel est la perte de tous les biens, puisque la privation de la connaissance de Dieu et de nous-mêmes, c’est la source de tous les maux, puisque c’est la cause de l’obstination dans le péché et de l’impénitence finale.
(Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. VI, p. 858)




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