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Quelles vapeurs m'offusquent le cerveau


"Ouvrons. Quelles vapeurs m'offusquent le cerveau,
Et que vois-je sortir de cette boîte ouverte?"
Psyché, acte V, scène 3, vv. 1827-1828.

Le sommeil de Psyché est un épisode qui provient de L'Ane d'or d'Apulée:

Et repetita atque adorata candida ista luce, quanquam festinans obsequium terminare, mentem capitur temeraria curiositate et: "Ecce" inquit "inepta ego diuinae formonsitatis gerula, quae nec tantillum quidem indidem mihi delibo uel sic illi amatori meo formonso placitura", et cum dicto reserat pyxidem. Nec quicquam ibi rerum nec formonsitas ulla, sed infernus somnus ac uere Stygius, qui statim coperculo releuatus inuadit eam crassaque soporis nebula cunctis eius membris perfunditur et in ipso uestigio ipsaque semita conlapsam possidet. Et iacebat immobilis et nihil aliud quam dormiens cadauer.
(VI, 20-21)

Sitôt qu’elle eut revu et adoré la lumière de ce monde, bien qu’elle eût hâte d’accomplir les commandements de sa Dame, éprise néanmoins d’une téméraire curiosité : "Ne suis-je pas bien sotte (ce dit-elle à part elle) moi qui porte cette divine beauté, si je n’en prends quelque peu pour me frotter ; afin que par ce moyen mon ami me trouve d’autant plus agréable ?" Cela dit, elle ouvre la boîte, mais hélas ! elle n’y trouve ni beauté ni chose quelconque ; au contraire, elle y rencontra un somme infernal et vraiment stygien, lequel aussitôt que la boîte fut ouverte l’affubla d’une épaisse et noire fumée de sommeil. Une grosse et pesante envie de dormir l’empoigne quand et quand [= aussitôt], et la portant par terre sur le champ, lui possède entièrement tous les membres. La voilà donc immuable et dépourvue de sentiments ; ce n’est plus qu’un cadavre qui ne demande qu’à dormir.
(traduction de Jean de Montlyard, édition de 1648, p. 176-177)




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