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Les vues favorables de la lumière


" - Où voulez-vous que je me place ? - Ici. Voici le lieu le plus avantageux, et qui reçoit le mieux les vues favorables de la lumière que nous cherchons."
Le Sicilien, sc. XI

Le choix de la lumière est présenté comme un élément essentiel dans


(1)

La lumière produit toutes sortes de couleurs, et l'ombre n'en donne aucune.
Plus un corps nous est directement opposé et proche de la lumière, plus il est éclairé, parce que la lumière s'affaiblit en s'éloignant de sa source.
Plus un corps est proche des yeux, et leur est directement opposé, d'autant mieux se voit-il, car la vue s'affaiblit en s'éloignant.
Il faut donc que les corps ronds, qui sont vu vis à vis en angle droit, soient de couleurs vives et fortes, et que les extrémités tournent en se perdant insensiblement et confusément, sans que le clair se précipite tout d'un coup dans l'obscur.
(De l'Art de peinture, p. 28)

On ne peut pas admettre deux jours égaux dans un même tableau, mais le plus grand frappera fortement le milieu, et y étendra sa plus grande lumière aux endroits où seront les principales figures [...] Evitez les ombres fortes sur le milieu des membres, de peur que le trop de noir qui compose ces ombres se semble entrer dedans et le couper : cherchez plutôt à les placer à l'entour pour relever davantage les parties, et prenez votre jour si avantageux qu'après de grandes lumières vous trouviez de grandes ombres.
(Ibid., p. 31-32)

Les ouvrages peints dans les petits lieux doivent être fort tendres et fort unis de tons et de couleurs, dont les degrés seront plus différents, plus inégaux et plus fiers si l'ouvrage est plus éloigné [...].
(Ibid., p. 40)

Que si la lumière de votre tableau n'est point universelle, et que vous supposiez vos figures dans une chambre, pour lors souvenez-vous de Théorème, qui dit que Plus un corps est proche de la lumière, et nous est directement opposé, plus il est éclairé.
(Ibid., p. 127)

(2)

Le Disciple [s’adressant au peintre] :
De plus, Monsieur, vous n’avez point encore déterminé dans cet atelier ou lieu de travail du peintre, comment il placera son modèle ou mannequin, pour toutes les actions des figures qu’il voudra faire dans son grand tableau, ni l’endroit où il se doit mettre pour les voir et les imiter, car par ce moyen il arrivera s’il ne sait les règles, qu’il placera et dessinera le tout sans ordre ni raison, et de plus la place des jours et ombres toutes contraires, puisqu’il y a bien de la différence du joue d’une fenêtre à celui d’une campagne, puis du coloris par les reflections causées des murs et autres corps placés dans cet atelier.
(Abraham Bosse, Le peintre converti aux précises et universelles règles de son art, avec un raisonnement abrégé au sujet des tableaux, bas reliefs et autres ornements, p. 22)

[les peintres] y traceront dessus [sur une glace posée sur la toile] la représentation perspective de leurs traits ou contours, et la place de leurs jours, ombres et ombrages, car vous jugez bien, Monsieur, qu’en ce qui concerne la force et la faiblesse de leurs couleurs, pour l’expression du relief, que si celle de ces solides coulait aussi du long de ces rayons, et qu’elle s’arrêtât sur cette glace, qu’elle n’y ferait point à l’œil l’effet de relief.
(Ibid., p. 39)




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