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Il regarde en pitié tout ce que chacun dit


"Depuis que dans la tête, il s'est mis d'être habile,
Rien ne touche son goût, tant il est difficile;
Il veut voir des défauts à tout ce qu'on écrit,
Et pense que louer, n'est pas d'un bel esprit.
Que c'est être savant, que trouver à redire;
Qu'il n'appartient qu'aux sots, d'admirer, et de rire;
Et qu'en n'approuvant rien des ouvrages du temps,
Il se met au-dessus de tous les autres gens.
Aux conversations, même il trouve à reprendre,
Ce sont propos trop bas, pour y daigner descendre;
Et, les deux bras croisés, du haut de son esprit,
Il regarde en pitié, tout ce que chacun dit."
Le Misanthrope, II, 4, v. 637-648

Deux épigrammes de Gombauld (1657) prennent pour cible l'attitude du "censeur" :

Censeur.

Charles censure toute chose.
Il ne goûte ni vers ni prose,
Et c'est un juge à redouter.
Du moins il se le persuade.
Mais puisqu'il ne peut rien goûter,
Il est sans doute bien malade.
(Gombauld, Epigrammes, III, 53, p. 152)

Censeurs.

Toi qui vas souvent où se trouvent
Des censeurs qui n'épargnent rien,
Demande-leur ce qu'ils approuvent,
Et tu les empêcheras bien.
(Ibid., III, 58, p. 154)

A la scène V de La Critique de l'Ecole des femmes, Uranie se moquait déjà de ce type de comportement (voir "un attentat sur ses lumières").




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