Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Comment, ouvre


"D'où vient donc qu'à cette heure on ferme cette porte? - Holà, tout doucement. Qui frappe? - Moi. - Qui, moi? - Ah! ouvre. - Comment, ouvre? Et qui donc es-tu, toi; Qui fais tant de vacarme, et parles de la sorte? - Quoi! tu ne me connais pas?"
Amphitryon, III, 2, v. 1499-1502

Une situation semblable avait été développée dans Les Aventures de nuit (1666) de Chevalier :

SCENE 14

SIMEON
Heurtons donc promptement.

RAGOTIN
Ah ! peste soit du traître,
Qui me casse la tête et réveille mon maître,
Ventre…

SIMEON
Double coquin qui t’a mis en ces lieux,
Si je prends un bâton.

RAGOTIN
Qui vous ? nous serions deux,
Croyez-moi dénichez, Barbon trop téméraire,
De peur que contre vous je me mette en colère,
Car je vous pourrais bien donner sur le minois.

SIMEON
Quoi tu ne connais pas Siméon à la voix.

RAGOTIN
Simeon ! vous rêvez, ha la plaisante chose !
Il est dedans son lit à présent qui repose,
Vous en feriez bien croire à quelqu’autre qu’à moi,
Mon maître n’eût jamais de barbe sur ma foi.

SIMEON
Voilà ma barbe ôtée, et bien suis-je ton maître ?

RAGOTIN
S’il n’était point chez nous, vous le pourriez bien être,
Et vous lui ressemblez, Monsieur, extrêmement,
Son père n’a-t-il pas connu votre maman ?
Car sa personne en tout tellement vous ressemble,
Qu’ils pourraient bien avoir eu quelque affaire ensemble

SIMEON
C’est trop goguenarder, ouvre-moi promptement,
Ou tu vas éprouver ici mon châtiment.

RAGOTIN
Savez-vous bien l’ami si vous faites la bête,
Que Siméon viendra vous donner sur la crête,
Et si le commissaire était là, comme non,
Que pour être insolent vous iriez en prison.

SCENE 15

VALERE, à la fenêtre de Siméon
Quel bruit entends-je là ?

SIMEON
Dieux que vois-je paraître ?

RAGOTIN
Le grand étonnement ! C’est Siméon mon maître.

SIMEON
Quoi je me vois en haut, et si je suis en bas !

RAGOTIN
Il est le véritable, et vous ne l’êtes pas.

SIMEON
Ne pourrai-je savoir la fin de ce mystère ?

VALERE
Apprenez Siméon que vous voyez Valère,
Qui se trouvant saisi de votre habillement,
Sous votre ressemblance est entré finement,
Comme depuis longtemps j’adorais votre nièce,
Pour l’avoir mon amour m’a fourni cette adresse,
Vous l’aviez tant de fois refusé à mon cœur,
Que j’ai tout employé pour m’en rendre vainqueur.

SIMEON
Non ! tout ce que je vois ne se peut quasi croire ;
Mais Anastaze vient, apprenons-lui l’histoire.
(Les Aventures de nuit, comédie représentée sur le Théâtre Royal du Marais par le sieur Chevalier, Paris, N. Pépingué, 1666, p. 51-53)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs