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Y mettre le nez


"Ai-je bien fait de la bile? - Ma foi je ne me mêle point de ces affaires-là, c'est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu'il en a le profit."
Le Malade imaginaire, I, 2

Les plaisanteries sur l'endroit où les médecins et apothicaires "mettent le nez" sont fréquentes dans la littérature comique du XVIIe siècle.

On en relève des occurrrences

Cet aspect de la pratique médicale avait éte auparavant dénoncé dans le De vanitate scientiarum (1531) de Cornelius Agrippa (6)


(1)

J'exerçais avant toi longtemps la médecine,
Et si depuis vingt ans ailleurs je me destine,
C'est pour savoir trop bien cet aphorisme-là :
Stercus et urina medici sunt prandia prima.

(2)

Les médecins ne sont-ils pas fols aussi, lesquels, au lieu de baume aromatique, contentent leur odorat de la seneur d'une fiole pleine de pissat, qu'on leur présente avec un bassin plein de merde et un petit bâton pour la remuer, la considérant de près avec leurs lunettes entravées sur le bout du nez ?
("De la folie", éd. de 1864, p. 83-84)

Quelqu'un me dira peut-être que les médecins sont sujets à porter le nez sur les ragoûts du derrière; hé pourquoi non ? puisque ex re qualibet bonus odor lucri, pourvu que ma bourse soit toujours enceinte de Jacobus et qu'elle serve d'arsenal, non pour les mousquets encornés, mais pour les pistolets et pistoles, il ne m'importe.
("De la médecine", ibid., p. 144)

(3)

Je ne voudrais pas être femme d'un médecin,
Ont toujours le nez au bassin,
Ne sentent que la merde,
Verduron, durette,
Le soir et le matin.
(éd. E. Fournier, 1858, p. 114)

(4)

Un homme voulant supporter un médecin contre un avocat qui le voulait précéder, lui dit : "Quelque habile homme que vous soyez, vous n'êtes qu'un ignorant au prix de lui, car il met la main en des affaires, où vous n'oseriez mettre le nez".
(p. 320)

(5)

Question IX
Qui sont ceux qui se moquent des médecins et apothicaires

Tab[arin]. : Qui sont ceux à votre avis qui se moquent des médecins et des apothicaires ?

Le M[aître]. : Ce sont les mal avisés [...].

Tab. : Vous vous trompez car ceux qui se moquent […] ce sont les malades. […] N’est-ce pas une grande moquerie, quand on tire la langue demi-pied de long à celui qui nous vient voir.
[…]

Le M. : Et l’apothicaire ?

Tab. : Et l’apothicaire en a bien d’avance, car s’il vient de fortune pour apporter un clystère à un malade et le visiter, le malade en se gaussant de lui lui présente le cule pour lui servir d’étui à son nez […].
(Recueil général des oeuvres et fantasies de Tabarin, Rouen, L. Du Mesnil, 1664, p. 28-30)

(6)

Leur pratique [...] n'est que tout artifice vilain, rodant perpétuellement autour des pots de chambre, poêles et puantes latrines des malades pour un petit de gain, ressemblant à la huppe infâme qui fait son nid dans l'excrément et fiente humaine. Ne les voit-on pas ordinairement par une ville tout crottés, les doigts entrelacés, tristes et pâles en visage trotter hâtivement pour l'espérance d'un peu de profit, d'une boutique d'apothicaire à autre, s'enquérant s'il y a quelque urine à voir ou s'il se présente quelque chaise percée ; et tout ainsi que les vautours encapuchonnés volent aux charognes, ains ceux-ci ont bon nez sur tous les hommes pour sentir les excréments.
(traduction de 1582, p. 428-429)




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