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Vrai Sardanapale


"Tu vois en Dom Juan, mon maître, [...] un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie [...] en vrai Sardanapale. "
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

Le qualificatif de "Sardanapale" est utilisé pour

Une condamnation semblable est formulée dans le sermon "Sur l'impureté" de Bourdaloue (6)


(1)

L'état de l'empire est inconnu aux ministres eux-mêmes ; les plus simples notions d'histoire et de géographie leur sont tout à fait étrangère, et l'ignorance et la barbarie règnent de toutes parts. Vous ne trouveriez pas dans les bâtiments turcs une seule carte marine à laquelle un pilote habile osât se fier. Ce pays est en quelque sorte la patrie des ténèbres et de la barbarie ; et le Sultan, plongé lui-même dans l'ignorance, traîne sur le trône, parmi des troupeaux de femmes et d'eunuques, sa robe de Sardanapale.
(Oeuvres de Leibniz, éd. par A. Foucher de Careil, Firmin Didot, fils et Cie, 1859-1875, t. V, p. 124)

(2)

Ces gens-ci sont comme Sardanapale
(p. 125).

(3)

Sardanapale, quoiqu’il fût roi, est encore l’opprobre des Assyriens pour avoir vécu sous une robe de femme et d’avoir travaillé de l’aiguille et du fuseau en une compagnie de filles : c’est la marque d’un courage efféminé et d’un cœur qui n’aime que l’ordure.
(t. II, p. 489)

(4)

Vivre en Sardanapale et croire en Epicure ;
Noyer les sentiments dans les plaisirs du corps,
Et dans l'oisiveté faire tous ses efforts
Afin de satisfaire à la bonne nature.

N'avoir pour tout objet qu'une sale peinture,
Souiller l'âme au dedans et les yeux au dehors;
Sur ses quatre-vingts ans, presque au nombre des morts
Ne méditer jamais ni mort ni sépulture.

Un sérail qui comprend l'un et l'autre Vénus,
Des femmes sans honneur, et des maris cornus,
Des enfants, mais bâtards, des valets, mais infâmes.

Etre considéré comme un vieux monument
Qui cache sous la cendre un tison plein de flammes;
C'est attendre à Paris l'Enfer tout doucement.
(p. 48)

(5)

Gassendi prétend qu'Epicure n'a rien de commun avec Sardanapale :

Si persuasus quidem forem fuisse Epicurum luxui deditum, ac sese proluisse obscoenis voluptatibus, ut Sardanapalum, Heliogabalum, ac sileleis pesteis generis humani, , tu sane diris eum devoverem.
(éd. S. Taussig, 2006, p. 12)

(6)

Saint Chrysostome nous en donne une idée plus sensible, lorsqu'il nous dit que le désordre de l'impureté dans l'homme est de porter l'homme à des excès où la sensualité même des bêtes ne se porte pas. Car il est certain que l'homme faisant servir sa raison, j'entends sa raison dépravée, à sa concupiscence, a inventé, pour se satisfaire, des crimes que la seule concupiscence ne lui aurait jamais inspirés ; et que, comme il n'y a que l'homme entre les animaux capable d'être chaste par vertu et au-dessus des lois de la nature, aussi n'y a-t-il que l'homme capable d'être vicieux et emporté au delà des bornes de la nature même. Ainsi saint Chrysostome le déclarait-il, dans l'exemple de ces villes abominables dont il est parlé au livre de la Genèse, et sur qui Dieu fit éclater l'ardeur de sa colère. Villes infortunées, dont l'exécrable péché en a perverti tant d'autres, car combien Dieu n'en voit-il pas d'aussi criminelles, peut-être jusques au milieu du christianisme ? et s'il ne les punit pas en faisant pleuvoir sur elles le soufre et le feu, combien de vengeances secrètes, mais encore plus terribles n'exerce-t-il pas tous les jours sur ceux qui renouvellent de pareilles abominations !
(éd. de 1716, p. 112)




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