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Vous vous divertissez


"Heureux si, quand son cœur s'y pourra dérober,
Elle pouvait, sur moi, Madame, retomber.
- Vous vous divertissez, Philinte."
Le Misanthrope, IV, 1, v. 1211-1213

Dans ses Conseils d'Ariste à Célimène (1666), à la question de savoir "comment il se faut gouverner envers ceux qui se déclarent" (section XXVII), l'abbé d'Aubignac répond :

il faut dès la première [parole] lui fermer la bouche, c’est la plus sûre pratique contre ces fourbes ; il ne faut pas leur permettre d’achever, afin qu’ils ne s’imaginent pas que vous vouliez être persuadée ; il les faut arrêter au premier pas, de crainte de s’engager avec eux dans une mauvaise route ; il n’y faut pas être lente ni faible ; mais aussi n’y faites pas l’étourdie ni l’emportée ; montrez de la vertu sans lâcheté ni extravagance.
(p. 204)

On a vu des femmes d’honneur suivre une autre méthode qui ne leur a pas mal réussi. Dès lors qu’un homme commençait à parler pour se faire entendre, elles le regardaient entre deux yeux en souriant, et le laissaient haranguer tant qu’il lui plaisait ; et après lui avoir demandé s’il avait tout dit, elles prenaient tout cela pour un jeu, se moquaient de tout ce qu’il avait déduit si passionnément, et ne faisaient qu’en railler, ou comme d’une habitude qu’il avait d’entretenir ainsi les dames, ou comme d’un essai de son éloquence, ou comme d’une étude qu’il voulait faire pour quelque impertinente qu’il avait envie de tromper. Il est certain que le parti de la raillerie démonte fort un esprit d’amant […], mais il le faut bien soutenir, il ne s’en faut jamais relâcher.
( p. 212-213)




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