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Vous parlez tout comme un livre


"Comme vous débitez; il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre."
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 2

L'expression avait été utilisée


(1)
- Mais à quoi leur sert de savoir ce qu'elles n'oseraient montrer? reprit Phylire. - Il leur sert, répliqua Sapho, à entendre ce que de plus savants qu'elles disent, et à en parler même à propos, sans en parler pourtant comme les livres en parlent.
(p. 6974)

(2)

Les uns approuvent ce que les autres condamnent, et il n'y a presque rien qui soit loué par quelqu'un, sans être blâmé par quelqu'autre. Ainsi les uns croient que parler peu est un défaut, les autres que parler beaucoup est une perfection ; quelque uns que parler éloquemment, est dire de grandes paroles ; les autres que parler bien, est parler naturellement et juste ; quelques uns qu'il faut des paroles choisies, quelques autres qu'il faut parler négligemment pour fuir l'affectation, sans penser que la négligence affectée, est la plus mauvaise de toutes. Il y en a même qui croient que pour bien parler, il faut parler comme un livre et il s'en est trouvé, qui, pour éviter ce défaut-là, qui est sans doute très grand, parlent aussi grossièrement que le peuple ; sans considérer que tout excès est également mauvais, et que s'il est dangereux de parler trop bien, il l'est aussi de parler trop mal.
(p. 647-648)

Il n'appartient point aux livres d'apprendre à parler, et ceux qui se contentent de lire pour être propres à la conversation, s'abusent étrangement ; et ne savent pas à quoi la lecture est bonne. Elle est sans doute nécessaire à parer l'esprit, à régler les moeurs, et à former le jugement ; elle peut même servir à apprendre une langue, mais pour l'agrément du langage la conversation toute seule le peut donner, encore faut-il que ce soit une conversation de gens du monde, dont les femmes fassent la plus grande partie, autrement il y aurait quelque chose de trop élevé, de trop savant ; de sec, de rude, ou affecté, à ceux qui voudraient régler leur façon de parler par ce qu'ils lisent. Car comme ordinairement les livres ne parlent pas comme les gens parlent en conversation, il ne faut pas non plus parler en conversation comme les livres.
(p. 671-672}

(3)

-Vraiment, vous me semblez tout joli, dit la dame du lit, en l'interrompant ; vous parlez comme un livre. Je crois tout de bon, que vous savez par coeur toutes les Marguerites françaises. Là dessus Néophile qui n'avait pas encore oublié le jargon du collège, et en faisait quelquefois un mélange dans ses discours, lui dit : -Je n'ai jamais lu d'auteur, dont la citation ne soit propre à ce thème. Tout l'art de la rhétorique ne m'a rien enseigné qui me rende capable d'être votre encomiaste, et de faire l'éloge et le paranymphe de vos beautés.
(t. I, p. 54-55)




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