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Vous ne deviez pas me faire un coeur sensible


"– Mais cet amour me choque, et n'est pas nécessaire.
– Vous ne deviez donc pas, si cela vous déplaît,
Me faire un cœur sensible et tendre comme il est.
– Mais ce cœur que j'ai fait, me doit obéissance.
– Oui, lorsque d'obéir il est en sa puissance."
Mélicerte, I, 5 (v. 288-292)

Le même argument est utilisé, dans l'"Histoire de Sésostris et Timarète" (Artamène ou le Grand Cyrus, VI, 2) des Scudéry, par le jeune amoureux Sésostris, à qui on oppose l'illégitimité de son amour pour Timarète (1)

Le reproche est également adressé aux dieux dans la cinquième élégie de Madame de la Suze (1668) (2)


(1)
La demande de Sésostris l'ayant surpris, il lui dit que le choix qu'il avait fait de Timarète était digne de son esprit et de son jugement, mais qu'il n'était pas en un âge où il fût à propos de se marier. [...] Ce fut en vain qu'Aménophis employa les conseils de Pythagore, car ce jeune prince se servant contre lui de sa propre doctrine lui dit que, puisque le destin gouvernait l'univers, et que les hommes n'étaient pas maîtres de leurs actions, il ne devait pas être accusé de ce qu'il aimait Timarète avec trop de violence, puisqu'il ne faisait que ce qu'il ne pouvait s'empêcher de faire.
(p. 3881)

(2)

O dieux, injuste dieux ! quelle est votre sagesse ?
Vos lois s'accordent mal avecque ma faiblesse,
Vous êtes les auteurs de ma fragilité :
Je reçus avec vous la clarté ;
Toutefois vous voulez que je sois la maîtresse
Du puissant ennemi qui me plaît et me blesse.
(éd. de 1695, Recueil de pièces galantes en prose, p. 106)




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