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Vous dites les choses avec une netteté admirable
- "Si tu m'importunes davantage de tes sottes moralités, si tu me dis encore le moindre mot là-dessus, je vais appeler quelqu'un, demander un nerf de bœuf, te faire tenir par trois ou quatre, et te rouer de mille coups. M'entends-tu bien? - Fort bien, Monsieur, le mieux du monde, vous vous expliquez clairement, c'est ce qu'il y a de bon en vous, que vous n'allez point chercher de détours, vous dites les choses avec une netteté admirable."
- Don Juan ou le Festin de pierre, IV, 1
Un échange semblable entre maître et valet était développé dans l'Andrienne de Térence :
- SIMO
- verberibu' caesum te in pistrinum, Dave, dedam usque ad necem,
- ea lege atque omine ut, si te inde exemerim, ego pro te molam.
- quid, hoc intellexti ? an nondum etiam ne hoc quidem?
- DAVUS
- immo callide:
- ita aperte ipsam rem modo locutu's, nil circum itione usus es.
- (I, 2, v. 199-202) (1)
- Je te ferai donner des coups de fouet et de là je t'enverrai tourner la meule du moulin, mais à condition que, si je t'en retire de ma vie, j'irai moudre pour toi. Eh bien ? m'entends-tu ? Ne comprends-tu pas maintenant ce que je veux dire ? DA. Le plus clairement du monde; et si clairement, pour me faire entendre votre pensée, qu'il faut avouer que vous n'avez point usé de circonlocution.
- (P. Terentii comoediae sex, cum interpretatione gallica et animadversionibus quibusdam M. de de M. A. D. V. (Michel de Marolles), Paris, Pierre l'Amy, 1659, p. 15)
- Je te ferai fouetter d'importance et je t'enverrai travailler au moulin jusqu'à rendre l'âme; à condition que, si je t'en tire, j'irai moudre au lieu de toi. Eh bien, comprends-tu maintenant ce que je te dis ? Cela est-il encore trop obscur ? DA. Non, Monsieur. Voilà parler sagement. Vous n'avez point usé de longs circuits : vous avez dit tout d'un coup votre intention.
- (Comédies de Térence traduites en français avec le latin à côté et rendues très honnêtes en y changeant fort peu de choses, pour servir à bien entendre la langue latine et bien traduire en français, Paris, Veuve Durand, 1647. p. 13-14)
(1) (1) source :
Molière, Le Tartuffe, Don Juan, éd. L. Moland, Paris, Garnier, 1865, p. 405
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