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Votre maladie


"Et votre maladie est digne de pitié."
Don Garcie de Navarre, V, 6, v. 1866

La jalousie est également envisagée comme une maladie

A l'acte III, Elvire regrettait, à propos de Don Garcie, "ces noirs accès qui troublent sa raison".

Dans Le gelosie fortunate del principe Rodrigo, Delmira était entraînée par un mouvement de pitié similaire à l'endroit de Rodrigo (II, 25, p. 115-117).


(1)

Ha Madame, luy dis-je, que vous connoissez peu celuy dont vous voulez parler si vous croyez qu'il soit volontaire : Non non, ne vous y trompez pas s'il vous plaist : la jalousie est une passion tirannique aussi bien que l'amour, qui naist malgré nous dans nostre coeur ; qui s'y augmente de la mesme sorte ; et qui nous destruit enfin, sans que nous y puissions que faire.
(Le Grand Cyrus, III, 1, p. 1683)

Le mal dont vous vous plaignez, me respondit il, n'est pas si aisé à guerir que vous vous l'imaginez [...], ceux qui ont une fois l'ame fortement atteinte et faifie de cette dangereuse passion, ne s'en peuvent jamais absolument delivrer. [...] Les maux que vous avez sont bien grands, reprit il ; et dans les maladies de l'esprit, aussi bien que dans les maladies du corps, quand elles sont extrémes il faut avoir recours aux extrémes remedes. Est il possible, luy dis-je, que la jalousie ne se puisse guerir par nulle autre voye ? Non pas quand elle est violente, reprit il, et qu'elle est plus forte que l'amour qui la fait naistre. Car enfin cette passion déregle tellement la raison, et l'affoiblit de telle sorte, qu'elle ne peut jamais juger de rien equitablement. Un homme jaloux avec excés, est comme un malade à qui la Nature ne preste plus nul secours, et à qui les remedes sont inutiles. Dans les autres passions, la raison reçoit quelquesfois les choses qu'on luy dit, comme il les faut recevoir : mais un jaloux ne trouve nul secours de ce costé là : parce que n'estant accoustumée qu'à le tromper, elle ne peut luy faire discerner la verité.
(Le Grand Cyrus, III, 1, p. 1687-1688)

(2)

jalousie est maladie d'âme faible, sotte et inepte, maladie terrible et tyrannie, elle s'insinue sous titre d'amitié, mais après être en possession, sur les mêmes fondements de bienveillance, elle bâtit une haine capitale; la vertu, la santé, le mérite, la réputation sont les boutefeux de cette rage.
(De la sagesse, p. 140, p. 735 de l'éd. de 1836)




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