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Voir Jupiter taureau


"Mais de voir Jupiter taureau,
Serpent, cygne, ou quelque autre chose,
Je ne trouve point cela beau,
Et ne m'étonne pas, si parfois on en cause."
Amphitryon, Prologue, v. 99-102

La lubricité de Jupiter avait été dénoncée

Claude le Petit l'avait rappelée dans un des poèmes de son Bordel des muses (1662)(4)

Dans le Tiers Livre, Rabelais évoquait déjà les trois déguisements les plus scandaleux de Jupiter (5)

Dans son traité De l'art de régner (1665),dédié au roi,le Père Le Moyne avait contesté que le comportement des dieux antiques puisse servir de modèle à un souverain, en particulier en se fondant sur l'exemple de Jupiter taureau (6)

(1)
Quelle honte aux Grecs d'avoir fait régner jusque sur leur Olympe et dans leur Empyrée les plus sales et les plus désordonnées passions de notre humanité. Neptune, transporté d'un amour incestueux pour Cérès, prend la forme d'un cheval et la saillit. Jupiter s'est métamorphosé en toutes sortes d'animaux pour contenter ses lubricités et des appétits même que la nature abhorre.
(éd. des Oeuvres de 1756, VII, 1, p. 120)

(2)

Les païens, non contents de déifier jusqu'aux choses inanimées et aux plus contentibles, ils trouvaient dans le Ciel de quoi justifier toutes sortes de crimes, semina paene omnium scelerum a diis suis peccantium turbam collegit, comme le leur a fort bien reproché Julius Firmicus, qui prouve son dire sur l'exemple des incestes commis par le premier de tous les dieux. Incestum desiderantibus a Jove sumantur exempla : cum matre concubit, sororem duxit uxorem ; et ut integrum facinus impleret, incesti filiam quoque animo corruptoris aggressus est. Je ne veux pas oublier l'observation d'Arnobe, que ce dépravé Jupiter ne dédaigna pas même de se transformer en une petite fourmi, in quam vastitatis suae lineamenta contraxit, pour entretenir la fille de Clitoris en Thessalie, dont il eut le premier des Myrmidons.
(III, 2, p. 415)

(3)

[Bossuet] n' a pas laissé d'imputer à la religion païenne les abus qui s'y commettaient publiquement. Il la décrie sur ce que ses mystères, ses fêtes, ses sacrifices, les hymnes qu'elle chantait à ses dieux, les peintures qu'elle consacrait dans les temples ; tout cela avait relation aux amours, aux cruautés, et aux jalousies des dieux. Il la décrie sur les prostitutions qu'elle avait instituées pour adorer la déesse Vénus ; sur ce que dans les affaires pressantes les particuliers et les Républiques vouaient à Vénus des courtisanes, et attribuaient le salut de la patrie aux prières qu'elles faisaient à leur déesse.
(éd. de 1683, t. I, p. 373)

(4)

Jupin là-haut comme un pourceau,
Outre sa soeur et son oiseau,
Se fout de tout tant que nous sommes ;
D'autres en seraient châtiés,
Mais dans les sottises des hommes,
Les dieux sont privilégiés.
(cité d'après F. Lachèvre, Les Oeuvres libertines de Claude le Petit, 1918, p. 110)

(5)

Croyez qu'il n'aura trouvé un sot Amphitryon, un niais Argus avec ses cents besicles [...]. Il pourrait cent et cent fois se transformer en cygne, en taureau, en satyre, en or, en cocu, comme fit quand il dépucela Juno sa sœur : en aigle, en bélier, en feu, en serpent, voire certes en puce.
("Comment Pantagruel explore par sorts virgiliens quel sera le mariage de Panurge", éd. de 1659, p. 346)

(6)

Mais si le prince est l'image et le lieutenant de Dieu dans son état, s'il y doit régner comme Dieu règne dans le monde, prendra-t-il pour modèle de son règne le règne du dieu d'Epicure, qui était un règne d'assoupissement et d'oisiveté ? ou celui des dieux des fables, qui était un régne d'adultères, d'incestes, de parricides?
(p. 26)

S'il est permis de juger de l'intention des poètes, qui ne se voit pas, par leurs fictions qui s'y voient, nous devons croire que ce n'a été que pour détourner les grands de l'amour qu'ils ont voulu que leurs dieux et leurs héros amoureux fissent de ridicules figures dans leurs poèmes. Et en vérité se peut-on rien imaginer de plus ridicule qu'un dieu revêtu de plumes, ou armé de cornes, sous la figure d'un cygne, ou sous celle d'un taureau ?
(p. 164)



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