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Voilà le meilleur de mes amis


"- Madame, voilà le meilleur de mes amis. - C'est trop d'honneur que vous me faites.- Galant homme tout à fait - Prenez bien garde, au moins, à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné"
Le Bourgeois gentilhomme, III, 16

Dans son recueil L'Amour échappé (1669), Donneau de Visé propose un chapitre "Manière d'aimer des financiers", où est racontée l'histoire d'une coquette, dont est amoureux un financier (voir également "notre belle marquise") :

Dès le lendemain, il écrivit une assez méchante lettre à Lucrèce, et presque en style d'homme d'affaires. Mais, comme elle était accompagnée d'un diamant de prix, elle fut trouvée la plus belle du monde. Il la vint voir dès le lendemain, sachant fort bien que les gens de qui l'on reçoit des présents ne sont pas mal reçus.[...] Il ne se passa pas grand chose à la première visite, car un homme qui ne sait parler qu'affaires n'est pas capable d'un grand entretien et une coquette se trouve bien décontenancée quand elle est avec de pareils galants, qui ne disent point de certaines fleurettes pour lesquelles elles ont des réponses toutes prêtes et qui leur servent vingt fois chaque jour. Si le financier ne s'acquitta pas bien de sa première visite, il fit merveilles à la seconde. Il débuta par des manières toutes opposées à celle du courtisan et trouva un secret de plaire qui a toujours été immanquable. Il voulut savoir quel bien avait Lucrèce, quelles hardes, quels bijoux, et lui promit de faire lever des étoffes, de lui meubler une chambre très magnifique, de lui donner force bijoux.
(p. 133-135)

Un tel amant

est plus discret qu'un courtisan, disait-elle quelquefois en elle-même, mais il est moins agréable. Il fait plus de présents, mais on se divertit moins avec lui.
(p. 138)

Elle était dans ces sentiments, lorsqu'un jeune homme aussi gueux que bien fait feignit d'être amoureux d'elle pour partager les dons du financier. [...]Lucrèce ne voulut toutefois pas perdre son financier, et elle prit pour cela ses mesures avec son nouveau galant et lui marqua les heures où ses affaires l'empêchaient de la venir voir.[..] Il faisait même tous les jours bonne chère aux dépens du financier.
(p. 140-142)




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