Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Véritable bête brute


"Tu vois en Dom Juan, mon maître, [...] un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute,"
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

La bestialité de l'homme abandonné à la chair est dénoncée dans le sermon "Sur l'impureté" de Bourdaloue :

Quand il s'abandonne aux sales désirs de la chair, il pèche en bête, parce qu'il suit le mouvement d'une passion prédominante dans les bêtes. Or, s'il pèche en bête, il n'a donc plus ces lumières de l'esprit qui le distinguent des bêtes et qui le font agir en homme ; il est donc réduit à l'ignominie de Nabuchodonosor, il est dégradé de sa condition, il est même au-dessous de la condition des bêtes, puisque entre les bêtes et lui il n'y a plus d'autre différence, sinon qu'il est criminel dans son emportement, ce que les bêtes ne peuvent être : homo cum in honore esset, non intellexit : comparatus est jumentis insipientibus , et similis est illis. C'est le raisonnement de saint Bernard, et l'expérience le justifie tous les jours. Car nous voyons, ces hommes esclaves de leur sensualité, au moment que la passion les sollicite, fermer les yeux à toutes les considérations divines et humaines, ne convenir plus des choses dont ils étaient auparavant persuadés, ne croire plus ce qu'ils croyaient, ne craindre plus ce qu'ils craignaient, n'être plus capables de remontrances, agir sans règle et sans conduite, devenir brutaux et insensés, tant ce péché a de pouvoir et de force pour les aveugler.
(éd. de 1709, p. 97-98)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs