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Une table remplie de trop de viandes


"Apprenez, Maître Jacques, vous, et vos pareils, que c'est un coupe-gorge, qu'une table remplie de trop de viandes ; que pour se bien montrer ami de ceux que l'on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu'on donne [...] "
L'Avare, III, 1

L'idée selon laquelle l'excès de nourriture nuit à la santé est entre autres exprimée dans

La Mothe le Vayer souligne également le bénéfice pour la santé d'un rationnement de nourriture dans

La mise en évidence d'un tel bénéfice est une plaisanterie de la littérature comique sur l'épargne. Ainsi, dans


(1)

Entre les accidents que cause l'abondance des viandes, leur diversité y contribue beaucoup, car anciennement les hommes vivaient plus longtemps et plus heureusement, parce qu'ils vivaient plus frugalement, et n'avaient pas en usage ces différentes viandes que la curiosité a inventé fort inutilement, et pour la ruine de la santé, surtout les ragoûts qui excitent souvent inconsidérément un appétit qu'il faudrait plutôt réprimer; c'est le sentiment universel des doctes de l'art, et l'expérience n'en confirme que trop souvent la vérité par la plus grande partie des maladies qui arrivent au corps.
(Paris, chez la veuve Gervais Alliot et Gilles Alliot fils, 1668, Préface)

(2)

Texte I
Des préceptes généraux de santé
Anglorum Regi scribit Schola tota Salerni,
Si vis incolumen, si vis te reddere sanum,
Curas tolle graves: irasci crede profanum,
Parce mero, caenato parum, non sit tibi vanum
Surgere post epulas, somnum fuge Meridianum,
Ne mictum retine, nec comprime fortiter anum:
Haec bene si serves, tu longo tempore vives.

Des doctes Salernins le Collège savant
Donne au Roi des Anglais le régime suivant:
Si tu veux vivre heureux, soumets la violence
Des flots de ton esprit au frein, de ta puissance;
Et fais de sorte, ô roi, que les soucis cuisants,
Les ennuis, les chagrins, ne te soient point nuisants,
Evite le courroux, mange peu quand tu soupes,
N'engage ta santé dans le combat des coupes:
Ne tiens trop longue table, et ne néglige pas
D'en sortir promptement à la fin du repas:
Ne dors après midi, garde toi de contraindre
Ton ventre t'asseller, ou par trop le restreindre:
Ne retiens ton urine; ainsi soigneusement
Pratiquant ces avis tu vivras longuement.

Discours
[...] en ce qui concerne la santé, tant de l'âme que du corps;
Pour laquelle le Prince est averti de modérer ses désirs et affections particulières; se régler en son boire et manger, y gardant une tempérance et médiocrité convenable, tant à sa personne qu'à sa grandeur [...]
De plus, il reçoit avis de fuir l'excès du vin et des viandes, qui corrompt les humeurs, suffoque la chaleur naturelle des parties, et les frustre de leur entretien et nourriture légitime [...]
(Le Régime de santé de l'Ecole de Salerne, traduit et commenté par Maître Michel Le Long, Docteur en médecine, quatrième édition, Paris, chez Nicolas et Jean de La Coste, 1649, p. 2)

Texte VII
Du souper ample et sobre
Ex magna caena stomacho fit maxima paena,
Ut sis nocte levis sit tibi caena brevis.

Du trop large souper, l'estomac souffre peine:
Si ton souper est court, la nuit sera saine.

Discours
Timothée Capitaine Athénien, reconnut la vérité de ce précepte, quand Platon le reçut à souper en l'Académie avec un appareil tout philosophique, c'est-à-dire, simple, net et sobre; ce qui lui fit dire après, que ceux qui soupaient chez Platon s'en trouvaient bien encore le lendemain: car il expérimenta alors quelle différence il y avait de ce souper aux festins superflus où il se trouvait coutumièrement, après lesquels l'esprit et le corps travaillés la nuit, et le lendemain, payaient l'amende de l'intempérance de la bouche, étant le chef et les membres pesants pour être imbus des vapeurs indigestes du vin et de la viande [...]
(Ibid., p. 44)

(3)

Cette vie sobre consiste seulement en deux choses, la quantité et la qualité. Celle-ci consiste seulement à ne point manger de viandes, ni boire de vins qui soient contraires à l'estomac, la quantité à ne manger et ne boire sinon autant qu'il en peut digérer facilement [...]
(Trois discours nouveaux et curieux de Louis Cornaro [...] dans lesquels il enseigne le régime de vivre [...], Paris, Gervais Clousier, 1647, p. 15-16.)

(4)

[...]l'excès de viande est infiniment [...] nuisible à la santé: il se faut donc garder de remplir trop son estomac de viandes. La raison y est toute apparente, parce qu'en le chargeant beaucoup, on travaille par trop sa chaleur naturelle, qui est le principal instrument de l'âme [...]
Davantage, on se doit contenter d'une sorte, ou deux de viandes: car la variété nuit merveilleusement, et ruine l'estomac, parce que les viandes ne sont pas toutes d'une même qualité [...]
(Oeuvres de La Framboisière, éd. de 1669, p.69.)

(5)

[...] Quant à moi, tant s'en faut que j'estime tout ce raffinement de saupiquets, ni cette élite curieuse de bons morceaux, qu'à mon avis nous n'avons rien de plus à craindre que cela; soit pour la santé du corps, soit pour celle de l'esprit. Je l'ai ainsi appris de ce même Apollonius dont je viens de parler, qui crût et suivit dès le commencement de sa vie cette importante maxime; que pour faire bien porter l'une et l'autre de ces deux parties qui nous composent, il fallait commencer par la purgation de ventre, et par le régime de la bouche.
[...]
La multitude des mets, et leur différent apprêt, a causé la grandeur aussi bien que la diversité des maladies. Et celui qui comptera le nombre des cuisiniers de Paris, comme ce grand homme faisait ceux de Rome, ne s'étonnera pas de voir multiplier nos infirmités à proportion des officiers de cuisine, innumerabiles esse morbos non miraberis, coquos numera.
(Oeuvres, éd. de 1756, II, 2, p. 457-458.)

(6)

[...] Bon Dieu, que Socrate avait grande raison de recommander surtout à ses amis, qu'ils se prissent garde du boire et du manger, qui invitent d'eux-mêmes à s'en servir sans faim et sans soif. Cette pensée me passa bien de fois par l'esprit, aussi bien que celle du rhéteur Musa, que notre mort venait de celle de tant d'animaux, que nous ensevelissons dans nos ventres, quicquid avium volitat, quicquid piscium natat, quicquid ferarum discurrit, nostris sepelitur ventribus: Quare nunc cur subito moriamur? mortibus vivimus.
(Oeuvres, 1756, VI, 2, p. 340.)

(7)

[...]Prenez garde que l'ordre du festin de ce seigneur allemand, où l'on vous a servi à la mode de son pays les grosses viandes après les délicates, ne soit plus contre notre usage, que contre la raison. Car j'ai bonnne mémoire d'avoir lu en plus d'un lieu, que Socrate ne défendait rien si expressément, que cette sorte, soit de boisson, soit de viande, qui donne de l'appétence (pour user de ce mot)au delà de la faim et de la soif.
(Oeuvres, 1756, VI, 1, p. 156.)

(8)

Il n'y a rien d'excellent pour la santé que de n'avoir pas l'estomac plein ; il donnait mille louanges à la diète et citait en même temps des aphorismes de médecins d'enfer, disant qu'elle empêchait de faire de mauvais songes.
(p. 36-37)

Il faut que vous sachiez que la sobriété nous rend sains et gaillards ; en effet, il en se ne se trouvera point écrit que pas un des Cavaliers de l'Industrie ait jamais eu de dévoiement d'estomac, ni par en haut, ni par en bas.
(p. 230)

(9)

Article 9
Epargne au manger et au boire
Qu’un chacun Confrère soit épargnant, ou plutôt eschars au manger et au boire suivant sa qualité, d’autant que la nature se contente de peu, à savoir de ce qui lui suffit, et non d’avantage : joint qu’en pratiquant cette règle de vivre sobrement et escharcement le corps en est plus allègre et plus sain, et les esprits vitaux s’en purgent mieux, et la bourse quant et quant n’en pâtit point, suivant le proverbe : Paucis minimis que Natura contenta est.
(p. 43)

Avis 41: la lésine est cause de la santé
Il faut que tout frère soit sobre, pour autant que la sobriété rend l’homme sain, et la même sobriété est fille de l’épargne, et là où est l’épargne, là aussi est la LESINE, et par conséquent la LESINE est cause de la santé, qui est un bien tant prisé et estimé d’un chacun.
[…]
(p. 156)




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