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Une juste colère


"N'est-ce pas une chose horrible; une chose qui crie vengeance au Ciel, que d'endurer qu'on dise publiquement la forme d'un chapeau? [...] Une juste colère m'occupe l'esprit."
Le Mariage forcé, sc. IV

La rigueur dans l'usage des termes avait été dénoncé comme un vice intellectuel par La Mothe le Vayer

Nous pouvons donner pour une maxime beaucoup moins sujette à mécompte, que ceux dont le génie n'a rien de plus à coeur que cet examen scrupuleux de paroles, et j'ose dire de syllabes, ne sont pas pour réussir proprement aux choses sérieuses, ni pour arriver jamais à la magnificence des pensées.
(Oeuvres de 1756, II, 1, p. 212)

J'ajouterai seulement qu'encore que les paroles semblent à beaucoup de personnes de fort peu de conséquence, si est-ce qu'à y prendre garde de près, on trouverait que la meilleure partie des hommes s'occupe à les examiner. Les plus grands différends qui se trouvent en toutes sortes de professions n'ont souvent point d'autre fondement [...] C'est une chose certaine que les philosophes anciens, qui ont exercé de si grandes animosités les uns contre les autres, étaient ordinairement plus en différend pour les mots que pour les matières.
(ibid., p. 220)

[Sénèque] proteste ailleurs que c'est dégrader la philosophie et lui faire perdre tout ce qu'elle a de grand et de majestueux de la réduire à ces artificieuses bagatelles.[..] Ne vous amusez jamais à cela, continue-t-il, que quand vous voudrez perdre le temps ridiculement, hoc age, cum voles nihil agere. Ce que vous croyez qui fait votre esprit subtil, l'émousse et rend de nulle considération.
(V, 1, p. 41)




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