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Une grande thèse roulée


"Il tire une grande thèse roulée de sa poche, qu'il présente à Angélique"
Le Malade imaginaire, II, 5

L'utilisation d'un rouleau de papier comme objet sexuel est évoquée dans un sonnet du Bordel des Muses (vers 1659) de Claude Le Petit :

Aux précieuses
[...]
Et si le corps enfin est par l’amour fléchi,
Ce livre en long roulé, bien égal et bien roide,
Vaudra bien un godemichi.
(cité d'après F. Lachèvre, Les Oeuvres libertines de Claude le Petit, 1918, p. 108)

La plaisanterie avait un précédent illustre dans le Phèdre de Platon, où Socrate raille Phèdre qui tient un livre (= rouleau) sous son manteau :

Ostende amabo, prius quid in sinistra habes sub pallio. Suspicor enim te librum ipsum habere. Id si sic est, ita cogita, me quidem te magni facere, attament praesente Lysia, me tibi auditorem praesente non est consilium. Sed age, ostende.
(228d, Divini Platonis Opera omnia quae extant, Genève, Jacob Stoer, 1592, t. II, p. 421)

Les plaisanteries grivoises fondées sur les potentialités érotiques des objets cylindriques étaient fréquentes sur la scène du Théâtre italien de France. Ainsi, au cours du spectacle "La pauvreté de Renaut de Montauban", joué durant les années 1660, le bon mot suivant était énoncé, si l'on en croit les notes personnelles de l'Arlequin Biancolelli traduites au siècle suivant par Gueulette :

Quand j'aperçois Célinde en habit turc, je lui demande : "Vous êtes donc Turc ? - Oui, me répond-elle. - Oh, oh, je serais bien curieux de voir votre mosquée"
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 236).




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