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Une estime ainsi prostituée


"Non, non, il n'est point d'âme un peu bien située,
Qui veuille d'une estime, ainsi, prostituée ;
Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers."
Le Misanthrope, I, 1, v. 53-56

Dans le "petit traité" "De la chicane et des louanges" (Nouveaux petits traités (1659), La Mothe le Vayer émettait les mêmes réserves sur les louanges excessives :

Le second aphorisme que je crois très important au sujet des louanges va à n'en donner jamais d'excessives, ou qui ne soient proportionnées au mérite [...] il n'y a rien de plus insupportable que cette misérable prostitution.
(éd. de 1756, VII, 1, p. 222)

De même, on lit dans la cinquième partie (1660) de la Clélie des Scudéry :

Pour moi, dit Clidamire, je vous avoue que je hais fort ces gens qui louent indifféremment toutes sortes de personnes, et toutes sortes de choses, et qu'il n'y a rien de moins obligeant que des louanges profanées, qui ont servi mille et mille fois à louer des gens qu'il fallait blâmer.
(V, 2, p. 554)

Alceste, qui refuse la flatterie ("au premier faquin il court en faire autant") et les louanges hyperboliques ("j'ai conçu, pour vous, une estime incroyable"), déplorera plus bas qu'"on loue aujourd'hui tout le monde".




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