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Une conversation avec ces arbres et ces rochers
- "J'ai une petite conversation à faire avec ces arbres et ces rochers.
- Bois, prés, fontaines, fleurs qui voyez mon teint blême,
- Si vous ne le savez, je vous apprends que j'aime."
- La Princesse d'Elide, Deuxième intermède, sc. I
Le lieu commun pastoral de la "conversation avec les arbres et les rochers" est illustré, entre autres, dans
- Les Charmes de Félicie (1654) de Montauban (1)
- deux églogues de Mlle Desjardins, publiées en 1662 (2)
- une idylle de Madame Deshoulières (3)
(1)
- Chanson.
- Arbres, rochers, doux et charmants zéphyrs,
- Ruisseaux, murmurantes fontaines,
- Dans votre sein, cachez mes déplaisirs,
- Seuls témoins de mes feux, confidents de mes peines,
- Dites-moi si mon cœur, n’osant se déclarer,
- peut soupirer
- (Les Charmes de Félicie, tirés de la Diane de Montemaior, pastorale, Paris, G. de Luyne, 1654,III, 1, p. 44)
(2)
- EGLOGUE II
- Dans un charmant pays éloigné de la cour,
- Dans un beau lieu planté par les mains de l'amour,
- Où l'on voit un torrent par sa chute rapide
- Aplanir des rochers la verte pyramide,
- [...]
- Dans ce bocage épais règne une paix profonde,
- Que ne troubla jamais le tumulte du monde.
- [...]
- Le souffle des zéphirs, les échos d'alentour,
- Les arbres et les fleurs, tout respire l'amour.
- [...]
- Mais hélas, de ce dieu la puissance suprême,
- Fait dire dans ces bois "Je meurs et je vous aime".
- (Recueil de poésies des Mlle Desjardins, 1662, p. 7-9)
- EGLOGUE V
- Solitaires déserts, et vous sombres allées,
- A la clarté du jour presque toujours voilées,
- Parterres émaillés, clairs et bruyants ruisseaux,
- Bocages où l'on voit mille charmants oiseaux
- [...]
- Lieux qui fûtes souvent témoins de mon bonheur,
- Soyez-le maintenant de ma juste douleur.
- [...]
- Je viens l'esprit rempli de mortelles alarmes,
- Le coeur gros de soupirs, et les yeux pleins de larmes
- Vous montrer en Philis par un triste retour,
- Les funestes débris d'une constante amour.
- (ibid. , p. 26-27)
(3)
- Peut-être croyez-vous que, toujours insensible,
- Je décrirai dans mes vers,
- Entre de hauts rochers dont l'aspect est terrible,
- Des prés toujours fleuris, des arbres toujours verts;
- Une source orgueilleuse et pure,
- Dont l'eau, sur cent rochers divers,
- D'une mousse verte couverts,
- S'épanche, bouillonne et murmure;
- Des agneaux bondissant sur la tendre verdure,
- Et de leurs conducteurs les rustiques concerts.
- ("A Mlle de la Charge. Pour la fontaine de Vaucluse, 1674", Oeuvres de Madame Deshoulières, éd. de 1803, p. 21)
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