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Un prince dont les yeux se font jour dans les coeurs


"Nous vivons sous un Prince ennemi de la fraude,
Un Prince dont les yeux se font jour dans les cœurs,
Et que ne peut tromper tout l'art des imposteurs.
D'un fin discernement, sa grande âme pourvue,
Sur les choses toujours jette une droite vue,
Chez elle jamais rien ne surprend trop d'accès,
Et sa ferme raison ne tombe en nul excès.".
Le Tartuffe, V, 6, v. 1904-1910

Le motif du roi clairvoyant est développé

Comme un roi qui sent son trône affermi et sa puissance établie, apprend qu'il se machine dans son Etat des pratiques contre son service (car il est malaisé de tromper un roi qui a les yeux ouverts et qui veille) : il pourrait étouffer dans sa naissance cette cabale découverte ; mais assuré de lui-même et de sa propre puissance, il est bien aise de voir jusqu'où iront les téméraires complots de ses sujets infidèles, et ne précipite pas sa juste vengeance jusqu'à ce qu'ils soient parvenus au terme fatal où il a résolu de les arrêter : ainsi et à plus forte raison ce Dieu tout-puissant, qui du centre de son éternité développe tout l'ordre des siècles, et qui, sage dispensateur des temps, a fait la destination de tous les moments devant l'origine des choses, n'a rien à précipiter, les pécheurs sont sous ses yeux et sous sa main. Il sait le temps qu'il leur a donné pour se repentir, et celui où il les attend pour les confondre. Cependant qu'ils mêlent le ciel et la terre pour se cacher, s'ils pouvaient, dans la confusion de toutes choses ; que ces femmes infidèles et ces hommes corrompus et corrupteurs se couvrent eux-mêmes, s'ils peuvent, de toutes les ombres de la nuit, enveloppent leurs intelligences déshonnêtes dans l'obscurité d'une intrigue impénétrable : ils seront découverts au jour arrêté; leur cause sera portée devant le tribunal de Jésus-Christ, où leur conviction ne pourra être éludée par aucune excuse, ni leur peine retardée par aucunes plaintes..
(t. IX, p. 98)

Molière lui avait consacré quelques vers dans La Gloire du Val-de-Grâce ("séparant le bon d'avec son apparence").

Dans son traité De l'art de régner (1665), adressé à Louis XIV, le Père Le Moyne avait consacré plusieurs chapitres à l'exercice royal de la justice.




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