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Un peu plus sincère qu'il ne faut


"[...] J'ai le défaut
D'être un peu plus sincère, en cela, qu'il ne faut."
Le Misanthrope, I, 2, v. 299-300

Dans le Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry, le portrait de Mégabate, personnage caractérisé par sa sincérité (voir aussi "je veux qu'on soit sincère"), défendant par ailleurs l'idée que "l'amitié demande un peu plus de mystère", présente des traits similaires à ceux que s'attribue Alceste :

Le même zèle que Mégabate a pour la gloire et pour son Prince, il l'a encore pour ses amis : il ne donne sans doute pas son amitié légèrement : mais ceux à qui il la donne doivent être assurés qu'elle est sincère ; qu'elle est fidèle ; et qu'elle est ardente. Comme Mégabate est fort juste, il est ennemi déclaré de la flatterie : il ne peut louer ce qu'il ne croit point digne de louange, et ne peut abaisser son âme à dire ce qu'il ne croit pas, aimant beaucoup mieux passer pour sévère auprès de ceux qui ne connaissent point la véritable vertu, que de s'exposer à passer pour flatteur. Aussi ne l'a-t-on jamais soupçonné de l'être de personne ; et je suis persuadé, que s'il eût été amoureux de quelque dame qui eût eu quelques légers défauts, ou en sa beauté, ou en son esprit, ou en son humeur, toute la violence de sa passion n'eût pu l'obliger à trahir ses sentiments. En effet je crois que s'il eût eu une maîtresse pâle, il n'eût jamais pu dire qu'elle eût été blanche ; s'il en eût eu une mélancolique, il n'eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu'elle eût été sérieuse ; et tout ce qu'il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage.
(p. 4609)




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