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Un homme vient là de me rompre en visière


"[...]un homme vient là de me rompre en visière,
Et je souhaite fort, pour ne rien reculer,
Qu'à l'heure, de ma part, tu l'ailles appeler"
Les Fâcheux, I, 6 (v. 268-270)

Répondre à une provocation est une manifestation de faiblesse, selon la philosophie de La Mothe le Vayer, qui enseigne le mépris des injures dans son "petit traité" "Des offenses et des injures" (Opuscules et petits traités, 1643) :

Mais parce qu'il arrive bien plus ordinairement qu'on tâche de nous offenser par de mauvais propos que par des actions si violentes, et que l'injure de la langue ne pique pas moins quelque fois les hommes de grand coeur que celle de la main, voyons avec quel mépris des rois, même de la plus haute considération, ont fait gloire d'entendre de fâcheuses paroles.
(Oeuvres, 1756, II, 2, p. 427)

Supposons néanmoins qu'on nous ait parlé en de très mauvais termes et avec une intention encore pire de nous déplaire. Donnerons-nous ce pouvoir au premier venu de troubler notre repos autant de fois que l'humeur lui prendra de l'entreprendre ? Pour moi, je m'empêcherai bien d'y consentir. Si quelqu'un a dessein de me faire une injure, il n'est pas en son pouvoir d'en venir à bout, si je n'y consens. Il a besoin de moi pour exécuter son intention. Et de quoi lui suis-je redevable pour obéir à toutes ses volontés ? Tant s'en faut, je veux être stoïcien pour ce regard, nemo laeditur nisi a se ipso; on ne saurait faire en cela sans mon approbation.
(ibid., p. 439)




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