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Un enragé, un chien


"Tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Epicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. "
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

Dans le portrait que fait Sganarelle de Don Juan se retrouvent certaines insultes adressées aux athées et hérétiques dans la Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels, contenant plusieurs maximes pernicieuses à la religion, à l'état et aux bonnes moeurs, combattue et renversée (1624) du Père François Garasse :

Aussitôt après sa condamnation il leva le masque, et voyant qu'il n'y avait plus d'espérance pour lui, dit et publia que pour lui il était en cette créance, qu'il n'y avait point d'autre dieu au monde que la nature, proféra plusieurs impiétés contre Jésus-Christ [...] Etant sur le gibet, il proféra encore trois ou quatre notables impiétés, et mourut enragé.
(II, 6, p. 146-147)

On a recours aux pères capucins pour voir s'il s'en pourrait tirer quelque bonne parole, ils prennent la peine de le voir par l'entremise de quelques-uns de ses amis, ils lui remontrent la rigueur des jugements de Dieu, la force et malice de Satan en ce dernier passage, et qu'il ferait bien de se mettre en bon état, à quoi, prenant la parole, il leur dit d'un accent enragé et désespéré :"Fous que vous êtes, allez, sortez de ma chambre".
(II, 8, p. 157)

La douceur étant inutile et dommageable à un esprit la douceur étant inutile et dommageable à un esprit enragé comme celui-là, il fut contraint de procéder contre lui par fulminations et anathèmes, le déclarant le plus impie et scélérat de tous les apostats du monde.
(III, 4, p. 228)

J'estime que le plus téméraire qui fut jamais a été le ministre Zvingle, lequel s'étant ouvertement déclaré contre la réalité du sacrement de l'autel, après beaucoup de passages des pères corrompus ou biaisés malicieusement, a été si enragé , que de s'en prendre au texte même des évangélistes, pour changer sacrilègement leurs paroles.
(IV, 29, p. 634)

Il est bien vrai que les hérétiques se sont portés avec une insolence non pareille à couper et tailler dans les saintes lettres, les clauses, les chapitres, les livres qu'ils ont vus contraires à leurs maximes d'iniquité, qui est un désespoir enragé comme j'ai montré ci-devant ; le plus impudent en ceci comme en toute autre chose, a été Martin Luther.
(V, 33, p. 663)

Or j'en dis le même touchant le catalogue et de nombrement de ceux qui ont introduit l'athéisme dans les esprits des hommes ; car, si je voulais donner des noms convenables à des chiens, je ne voudrais en chercher ni prendre d'ailleurs que du catalogue des athées.
(II, 4, p. 128)

En somme je dirai à nos libertins, vu les horribles impudicités de leur Parnasse satyrique, qu'ils sont cousins germains de Zénon l'athéiste, lequel fut surnommé Cauda Canis, ou d'autant qu'il avait souvent ce mot en bouche, aussi bien que nos athéistes [...] ce qu'on pourrait bien dire à plus juste raison du misérable Théophile, voyant ses sonnets imprimés dans le Parnasse satyrique, avec une effronterie et impudicité qui passe celle de tous les chiens du monde.
(V, 15, p. 553)

Le docte Tertullien n'employa jamais mieux le style de sa plume sauvage, qu'en la description qu'il fait du Pont-Euxin, il n'appartenait qu'à cet esprit de quoter les confrontations d'un peuple si barbare [...] la plus grande barbarie qu'il reprend en ce peuple sauvage, c'est qu'il passe sa misérable vie à guise des bêtes, ils mangent quand ils en ont le pouvoir et l'appétit, ils boivent jusques à crever [...] Enfin, dit Tertullien, ce sont des bêtes brutes [...] Ils vivent comme chiens, ils mangent comme pourceaux, ils boivent comme canards, ils courent comme lévriers, ils demeurent où ils ne peuvent passer, et n'ont d'autre toit que le ciel, ni d'autre maison que les forêts, ni d'autre plancher que la terre, ni d' autre pays que le monde. Or c'est sur le modèle de cette vie vagabonde et brutale que nos nouveaux épicuriens voudraient ranger la France avec un peu de modification.
(VI, 11, p. 733)




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