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Un compliment bien impertinent


"C'est un mariage, Madame, où vous vous imaginez bien que je dois avoir de la répugnance; que vous n'ignorez pas, sachant ce que je suis, comme il choque mes intérêts; et que vous voulez bien enfin que je vous dise, avec la permission de mon père, que si les choses dépendaient de moi, cet hymen ne se ferait point. - Voilà un compliment bien impertinent. Quelle belle confession à lui faire! [...] Non, mon père, je ne suis point capable d'en changer; et je prie instamment Madame de le croire.- Mais voyez quelle extravagance! Il continue encore plus fort. - Voulez-vous que je trahisse mon cœur?.- Encore? Avez-vous envie de changer de discours? - Hé bien, puisque vous voulez que je parle d'autre façon; souffrez, Madame, que je me mette ici à la place de mon père; et que je vous avoue, que je n'ai rien vu dans le monde de si charmant que vous; [...]- Doucement, mon fils, s'il vous plaît. - C'est un compliment que je fais pour vous à Madame."
L'Avare, III, 7

Un jeu de scène semblable peut être relevé dans la comédie La discreta enamorada (publiée en 1653) de Lope de Vega :

LUCINDO
Hoy me mandaste venir.

CAPITAN
Besa la mano a tu madre.

LUCINDO
Yo voy.

CAPITAN
Qué presto!...

LUCINDO
Mi padre...

FENISA
(Ya me comienzo a reir)

LUCINDO
...como a madre, que sois mia,
me manda, oh bien soberano!,
que os bese esa hermosa mano.

CAPITAN
Qué superflua cortesia!
La mano basta decir;
para qué es decir hermosa?

LUCINDO
Quiere mi boca dichosa
este adjetivo anadir.

BELISA
Dejadle, no séais extrano;
bese la mano a su madre.

LUCINDO
Senor, siendo vos mi padre,
no resulta en vuestro dano.

CAPITAN
No me llames padre aqui.

LUCINDO
Llamo madre a una senora
tan moza, y a vos agora
os pesa que os llame ansi?

CAPITAN
Adonde la edad no sobre,
padre, dulces letras son.
Mas a un viejo, no es razon,
no siendo ermitano o pobre.
Acaba, besa la mano.
(éd. F. Romero, II, 6, p. 1089-1114)




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