Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Un beau manteau de tout ce qu'on révère


"[...] Comme il sait, de traîtresse manière,
Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère!".
Le Tartuffe, V, 6, v. 1885-1886

Les propos de Dorine correspondent à la dénonciation de l'hypocrisie religieuse qu'on lit


(1)
La première espèce appartient à ceux qui ne parlent de la religion que pour s'en moquer, ou qui sont des anges à l'église, et des diables à la maison. On peut réduire encore à cet ordre ces bouches infames qui se servent de tous les termes de piété pour autoriser leurs profanations, et qui couvrent des sacrilèges énormes sous les noms les plus sacrés dont l'Eglise se serve pour nous déclarer nos mystères. C'est là proprement porter l'abomination jusque dans le lieu saint. Or les impies de ce caractère sont d'autant plus dangereux dans le commerce qu'ils paraissent plus dévots. En effet ils n'ont jamais moins de crainte de Dieu, que lorsqu'ils semblent en avoir plus que les autres. Mais qu'ils sachent que si l'on peut tromper des hommes, on ne peut pas se moquer de Notre-Seigneur.
(p. 203)

(2)

Mais de tous les pécheurs qui se cachent, aucuns ne seront découvert avec plus de honte que les faux dévots et les hypocrites. Ce sont ceux-ci, Messieurs, qui sont des plus pernicieux ennemis de Dieu, qui combattent contre lui sous ses étendards. Nul ne ravilit davantage l'honneur de la piété que l'hypocrite, qui la fait servir d'enveloppe et de couverture à sa malice. Nul ne viole la sainte majesté de Dieu d'une manière plus sacrilège que l'hypocrite, qui s'autorisant de son nom auguste, lui veut donner part à ses crimes et le choisit pour protecteur de ses vices, lui qui en est le censeur. Nul donc ne trouvera Dieu juge plus sévère que l'hypocrite, qui a entrepris de le faire en quelque façon son complice.
(éd. des Oeuvres de 1862, t. VIII, p. 121-122)

(3)

Ceux néanmoins, qui ne fréquentent ces mêmes temples qu'à mauvais dessein et qui ne s'approchent de l'autel que pour tromper le monde, doivent être et les plus haïs de Dieu et les plus odieux aux hommes. En effet, ce qu'on remarque dans la fausse religion de fort semblable à la bonne est ce qui la rend plus rejetable et plus criminelle ; comme le singe n'a rien, qui le rende plus laid et plus ridicule, que d'approcher, comme il fait, de la figure humaine, sans la posséder.
(éd. des Oeuvres de 1756, VI, 2, p. 399)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs