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Un Plutarque à mettre mes rabats


"Vos livres éternels ne me contentent pas,
Et hors un gros Plutarque à mettre mes rabats,
Vous devriez brûler tout ce meuble inutile,"
Les Femmes savantes, II, 7 (v. 560-562)

Le bon mot figurait dans le Roman bourgeois (1666) de Furetière :

Je ne puis omettre une belle preuve que Bellastre donna de sa capacité un peu avant que de devenir juge. Il était au Palais avec quelques officiers d'Armée, qui achetaient des livres à la boutique de Rocolet; par vanité il en voulut aussi acheter, et en effet il en demanda un au marchand. Rocolet lui demanda quel livre il cherchait, et s'il en voulait un in-folio ou un in quarto. Bellastre ignorant de ces termes n'aurait pas compris ce que cela voulait dire, si ce n'est qu'en même temps on lui montrait du doigt le volume. Il répondit donc qu'il voulait un grand livre ; Rocolet lui demanda encore s'il voulait un livre d'histoire, de philosophie, ou de quelque autre science. Bellastre lui répondit qu'il ne s'en souciait pas, et qu'il voulait feulement qu'il lui vendît un livre. Mais encore, insista le marchand, afin que je vous en donne un qui vous puisse être plus utile, dites-moi à quoi vous vous en voulez servir. Bellastre lui répondit brusquement : "c'est à mettre en presse mes rabats". Cette réponse fit rire le libraire, et tous ceux qui l'entendirent, et montra que cet homme se connassait fort en livres et qu'il en savait merveilleusement l'usage.
(Livre second)

Dans Le Tartuffe, le dévot s'indignait qu'on avait glissé, pour le repasser, "un mouchoir dans une Fleur des saints".




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