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Trois et deux font cinq


"Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Soixante et trois livres quatre sols six deniers. Si bien donc, que de ce mois j'ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit médecines; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements; et l'autre mois il y avait douze médecines, et vingt lavements."
Le Malade imaginaire, I, 1

Les notes personnelles de l'Arlequin Biancolelli pour le spectacle de "L'Innocence persécutée", joué sur le Théâtre italien de France durant les années 1660, contiennent la description d'un jeu de scène des "comptes" :

Je dis que je vais acheter pour deux écus de farine pour faire des macarons, deux écus et demi pour du fromage parmesan, deux écus et demi de beurre, "il me manque quelque chose, il me faut du pain, du vin", puis je fais un détail de ce que je veux acheter encore et je ne trouve pas mon compte.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 267)

L'obsession du décompte est une des caractéristiques du malade imaginaire tel qu'il est décrit dans l'"Episode de Lancelot" du roman Le Berger extravagant (1627) de Charles Sorel :

Il avait des mesures de parchemin comme celles des tailleurs, dont il se mesurait tous les jours par tout le corps, pour voir si l'enflure qui le tenait n'était point diminuée. Il avait une mesure pour chaque doigt des pieds, une autre pour chaque jambe, une autre pour chaque cuisse, une autre pour le petit ventre, une autre pour l'estomac, et il les rognait lors qu'il trouvait que toutes ces parties de son corps étaient amenuisées. [...] Il tenait registre de la quantité et de la couleur de mes selles et des siennes, et il ne lui restait plus que d'en savoir le poids et le goût.




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