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Trois espèces de mélancolie


"Le célèbre Galien établit doctement à son ordinaire trois espèces de cette maladie, que nous nommons mélancolie, ainsi appelée non seulement par les Latins, mais encore par les Grecs; ce qui est bien à remarquer pour notre affaire: la première, qui vient du propre vice du cerveau; la seconde, qui vient de tout le sang, fait et rendu atrabilaire; la troisième, appelée hypocondriaque, qui est la nôtre, laquelle procède du vice de quelque partie du bas-ventre, et de la région inférieure, mais particulièrement de la rate,"
Monsieur de Pourceaugnac, I, 8

Plusieurs des formules utilisées pour cette définition sont empruntées à la traduction française (1631, rééditée en 1669) des Oeuvres de La Framboisière, également utilisée pour d'autres passages de ce monologue (voir "cette habitude du corps", dégénérer en manie", "la basilique, puis la céphalique", "signes pathognomoniques"), ainsi que dans Le Médecin malgré lui ("enflée partout") :

Il y a trois différences de mélancolie : la première qui vient par le vice propre du cerveau, l'autre par sympathie de tout le corps, et la dernière appelée hypocondriaque, autrement venteuse.
(éd. de 1669, p. 225)

Elles figuraient auparavant dans le Discours de la conservation de la vue , des maladies mélancoliques, des catarrhes, et de la vieillesse (1597) de Du Lorens :

Il y a trois différences de mélancolie : l'une vient par le vice propre du cerveau, l'autre vient par sympathie de tout le corps, quand tout le tempérament et toute l'habitude est mélancolique ; la dernière vient des hypocondres, c'est-à-dire des parties qui y sont contenues, mais surtout de la rate, du foie et du mésentère. La première s'appelle absolument et simplement mélancolie, la dernière avec addition se nomme mélancolie hypocondriaque ou venteuse.
(p. 120)

On retrouve les mêmes idées, sous une formulation légèrement différente, dans le Cours de médecine (1663) de Claude Tardy :

Il y a une troisème espèce de mélancolie, qu’on nomme hypocondriaque ou venteuse […] Le foie, la rate et le mésentère sont trois autres foyers considérables, d’où les vapeurs s'èlèvent au cerveau […] la crainte et la tristesse sont deux signes communs à toutes les espèces de mélancolie […] les malades amaigrissent à vue d’œil, ils n’ont jamais le ventre libre et de là vient qu’ils ont toujours des lassitudes et des crachements continuels.
(« Des maladies de la partie supérieure du cerveau », p. 37)




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