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Tribulations


"Les tribulations de votre esclave indigne."
Le Tartuffe, III, 3 (v. 980)

Le terme est très répandu dans le langage de la dévotion.

On le retrouve, par exemple, dans

Le caractère choquant du terme est relevé par Guéret dans sa Promenade de Saint-Cloud (1669; publiée pour la première fois en 1751) (4)


(1)

Esclaves de nos passions
Et nés dans la concupiscence,
Le moment de notre naissance
Nous livre aux tribulations.
(I, 13)

Que d' hommes amoureux de la gloire céleste
Envisagent la croix comme un fardeau funeste,
Et cherchent à goûter les consolations,
Sans vouloir faire essai des tribulations !
(II, 11)

Cependant de ta part ne reçois qu' avec joie
Ce qu'il te fait souffrir de tribulations.
(II, 12)

Tu sais, et mieux que moi, quelles impressions
Me peuvent avancer en ton divin service,
Et combien est puissante à dérouiller le vice
L' aigreur des tribulations.
(III, 50)

Pour te sentir pressé des tribulations,
Pour te voir chanceler sous les tentations,
Ne crois pas tout perdu, n' y trouve rien d' étrange :
Tu n' es qu' homme, et non Dieu, mais homme tout de chair.
(III, 57)

(2)

Le vrai patient et serviteur de Dieu supporte également les tribulations conjointes à l'ignominie et celles qui sont honorables.

Ainsi la vertu qui s'exerce en l'amertume des plus viles, basses et abjectes tribulations est la plus excellente de toutes.
(éd. de 1662, p. 205)

Non, ni la vanité, ni les délices, ni les richesses, ni les tribulations ne m'arracheront jamais mon dessein.
(p. 556)

(3)

SECTION VI
Que les tribulations et les afflictions sont des grands dons et des faveurs signalées de Dieu
(II, 1, P. 107)

SECTION III
Du bonheur de la tribulation, par laquelle Dieu prétend nous retirer ou garantir du malheur du péché mortel et ensuite de la damnation éternelle
(II, 1, P. 133)

CHAPITRE VII
Du bonheur de la tribulation, par laquelle Dieu nous purge en cette vie, afin que nous n’ayons pas besoin de purgatoire en l’autre
(II, 1, P. 169)

CHAPITRE VIII
Du bonheur de la tribulation, par laquelle nos cœurs sont retirés de la terre et de toutes les créatures, et attirés et élevés puissament à Dieu
(II, 1, P. 173)

(4)

Je n'aime point que l'imposteur, pour exprimer son amour, se serve de mots consacrés à la Religion. La nouveauté de ces termes est capable d'effaroucher une belle, ou, tout au moins, d'attirer la raillerie. Et quand il s'écrie d'un ton plaintif,
Ah! si vous daigniez voir d'une âme un peu bénigne,
Les tribulations de votre esclave indigne ;

il n'y a point de femme qui ne se représente l'Office des morts, et que ce terrible mot de tribulations n'épouvante, ou qui n'éclate de rire de l'extravagance de cette expression. Les véritables Tartuffes sont plus délicats que cela. Ils croiraient se trahir par ces sortes de paroles, et ils savent trop de quelle importance est en amour la politesse du discours, pour ne pas éviter tout ce qui peut blesser une oreille fine.
(François Bruys, Mémoires historiques, critiques et littéraires, 1751, t. II, p. 208)




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