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Toutes ces ordures


"Toutes ces ordures, Dieu merci, y sont à visage découvert. Elles n'ont pas la moindre enveloppe qui les couvre; et les yeux les plus hardis sont effrayés de leur nudité"
La Critique de L'Ecole des femmes, sc. III

La possibilité et la nécessité d'"envelopper les ordures" seront discutées à plusieurs reprises, dans les années suivantes, au sein de textes portant réflexion sur la communication littéraire :

Les sales amours se traitent même avec des paroles honnêtes et l'on voile les turpitudes des pensées des termes qui les signifient bien, mais qui sont ou métaphoriques ou allégoriques, en sorte que l'auditeur, s'il veut, peut dissimuler des les entendre et que l'oreille les admet sans s'en scandaliser. Cela s'appelle en cette cour envelopper les ordures, c'est-à-dire les déguiser sans les rendre méconnaissables.
(Lettres de Jean Chapelain, éd. P. Tamizey de Larroque, 1800, t. II, p. 684-685)

La Quintaine se vanta aussi d'avoir un génie particulier qu'il ne fallait pas laisser demeurer oisif. Il dit qu'il avait été inspiré par une grisette, fille de chambre d'une des Muses, qu'on avait chassée du Parnasse pour son libertinage et sa débauche. Elle lui avait appris l'art d'envelopper les ordures en les habillant de gaze, de toiles de soie, et d'autres étoffes à claire voie propres à couvrir leur nudité dégoûtante, en telle sorte néanmoins que ces voiles légers ne les empêchaient pas de donner de l'horreur aux prudes et de l'amour aux coquettes.
(p. 23)

Si quelqu'un pouvait trouver le secret d'envelopper les ordures avec un langage pareil au sien, je réponds pour les dames qu'elles donneraient des louanges à sa discrétion.
(Oeuvres mêlées, 1706, t. II, p. 24)




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