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Tout le monde a couru en foule


« Mais vous plutôt que faites-vous ici, et quelle secrète mélancolie, quelle humeur sombre, s'il vous plaît, vous peut retenir dans ces bois, tandis que tout le monde a couru en foule à la magnificence de la fête. »
Les Amants magnifiques, acte I, scène 1.

Le refus de se plier à la curiosité universelle est mis en débat dans le prologue de Célinte, nouvelle première (1661) de Madeleine de Scudéry :

D’abord nous nous promenâmes quelque temps sans parler, puis tout d’un coup Lysimène s’arrêtant pour respirer l’air plus commodément : avouez la vérité, dit-elle en se tournant vers Mériante, vous êtes bien aise de vous voir hors du bruit et du tumulte, après avoir été forcé ces jours passés de vous y trouver par la curiosité universelle, que tout le monde a eue de voir l’Entrée de la Reine. Il est vrai, répliqua-t-il, que je suis un grand ami du repos, du silence et de la solitude, et un grand ennemi de cette curiosité, qui pousse tant de gens à chercher avec empressement toutes les choses qui ne se peuvent voir sans foule, sans désordre et sans confusion. […] Mais est-il possible, interrompit la belle Artélice, qu’il puisse y avoir quelqu’un qui ose se dire ennemi de la curiosité ? Oui, aimable Artélice, reprit-il, j’en suis ennemi, et je ne le suis pas sans sujet, car la curiosité pour l’ordinaire nuit beaucoup plus qu’elle ne sert, et donne beaucoup plus de peine que de plaisir.
(p. 3-5)




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