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Tous les déguisements


" J'admire Jupiter; et je ne comprends pas,
Tous les déguisements, qui lui viennent en tête."
Amphitryon, Prologue, v. 76-77

Les divers déguisements amoureux de Jupiter sont inventoriés au livre VI des Métamorphoses d'Ovide au sein d'une toile que tisse Arachné (1).

Il y est fait allusion dans


(1)

fecit et Asterien aquila luctante teneri,
fecit olorinis Ledam recubare sub alis;
addidit, ut satyri celatus imagine pulchram
Iuppiter inplerit gemino Nycteida fetu,
Amphitryon fuerit, cum te, Tirynthia, cepit,
aureus ut Danaen, Asopida luserit ignis,
Mnemosynen pastor, varius Deoida serpens.
(v. 108-114)

On voyait Astérie qui résistait à un aigle, dont Jupiter avait pris la forme. On y voyait aussi Léda que ce même dieu caressait sous la forme d'un cygne. Il était représenté en satyre avec Antiope, dont il eut deux enfants jumeaux. Il paraissait dans la chambre d'Alcmène, sous le visage d'Amphytrion. Il tombait en pluie d'or dans la tour où Danaë était enfermée. Il visitait Egine en forme de feu. Il entretenait Mnemosine sous l'apparence d'un berger, et se coulait en serpent auprès de la nymphe Déolis.
(éd. de 1702, p. 178)

(2)

JUPITER

Je ne hais pas les demoiselles,
Quand je les trouve belles,
Et mes amours des temps passés
Vous le disent assez
Les désirs dans mon coeur n'ont jamais eu de bornes,
J'aime une Europe et pour la posséder
Je pourrais bien prendre encore des cornes
Mais j'aurais peur de les garder.
(p. 3)

(3)

JUPITER
Oui j'attends Sémélé sous ce nouveau visage :
C'est l'amour qui m'a fait ce galant équipage :
Mais si tu vois un dieu sous l'habit d'un berger,
Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu m'as vu changer,
Et de mes feux secrets cacher les aventures,
Sous les traits différents de cent autres figures.

MOMUS
C'est donc l'amour qui fait tous ces beaux changements.
J'admire Jupiter sous ces déguisements,
Et sitôt qu'il s'agit de faire une conquête,
Il fait beau voir un dieu faire l'homme ou la bête.
On sait tous quelle forme on vous vit sur le dos,
Ravir la belle Europe et traverser les flots.
Vous en voulez toujours à celles de sa race :
Et déjà Sémélé vient de prendre sa place,
Dans le sang d'Agénor vous trouvez des appâts,
Que dans un autre sang vos yeux ne trouvent pas.
On vous voit tous les jours courir de belle en belle,
Aimez-vous ces beaux noms d'inconstant, d'infidèle?
N'est-il point de beauté qui vous puisse arrêter,
Et les dieux n'ont-ils point honte de coqueter?
(p. 30-31)

(4)

L’Inconstant
Ode

[...]
Aimons et la brune et la blonde,
C’est le seul plaisir de ce monde,
De soupirer inconstamment.

Les Dieux en usaient tous ainsi
Quand ils faisaient l’amour en terre,
Celui qui lance le tonnerre
En usait tout de même aussi :
Car ayant aimé force belles
A l’amour nullement rebelles,
De peur d’oublier sa façon,
Pour montrer qu’il aimait le change,
Il quitta ces visages d’ange
Pour celui d’un jeune garçon.

L’Amour lui-même est inconstant
Si nous en croyons son image,
Il cache son humeur volage
Sous la figure d’un enfant,
Et sa mère, Vénus la blonde,
Ne naquit du milieu de l’onde,
Qu’à dessein de nous faire voir
De quel profit est l’inconstance,
Et que l’amour en sa naissance
Et l’amant en doivent avoir.
[...]

(L’Ecole d’amour ou les héros docteurs, par M.D.L.C [Jacques Alluis], Grenoble, Robert Philippes, 1665, p. 39-41)

(5)

Jupiter, impatient de jouir de ses amours, trompe Caliste sous l'habit de Diane
Jupiter déguisé, représenté par Sa Majesté

Après avoir tonné quand il était besoin
D'abattre les géants que j'ai réduits en poudre,
Et fait voler mon nom plus loin
Que l'aigle qui porte ma foudre.

Je descends vers l'objet qui seul me peut charmer,
Et même j'y descends, non sans quelque surprise,
Qu'à dessein de me faire aimer,
Il faille que je me déguise.

Les mortels ne sauraient, quand je traite avec eux,
Souffrir de ma splendeur, qu'une légère trace ;
Et mon éclat trop lumineux
Les éblouit et m'embarrasse.

Devant une beauté je cache finement,
Cette pompe divine où mon être se fonde ;
Et l'on me prendrait seulement
Pour le premier homme du monde.
(Oeuvres de Monsieur Benserade, 1697, t. II, p. 255)

(6)

Jupiter le souverain maître des dieux ressent le premier le doux charme que répand dans les coeurs cette aimable divinité et, pour satisfaire à la passion qu'il a conçue pour Europe, descend en terre déguisé.
(p. 35)




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