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Tête de barbe


" [...] et jamais, en effet,
Il n'a vendu cheval ni meilleur ni mieux fait :
Une tête de barbe avec l'étoile nette."
Les Fâcheux II, 6 (v. 525-527)

Les Barbes sont chevaux fort déchargés de taille, et fort petits au prix des autres, les jambes fort sèches et déliés, et les pieds beaux et bons, sujets à se serrer, qui n'y prend garde ; La bouche communément fort égarée et la tête en mauvaise posture, à cause des mors à la genette qu'ils ont portés dans le pays. Ils sont grandement vite et de longue haleine, laquelle ils reprennent bien plus longuement qu'aucuns autres Chevaux que nous connaissons, et capables de faire tout ce que le Cavalier désirera. Il sont ordinairement tristes et mornes à la campagne, mais pleins de gentillesse quand on les recherche.
(René de Menou, La Pratique du cavalier, ou l'exercice de monter à cheval, Paris, Loyson, 1650)

Les vers 527 à 536 regorgent de termes spécifiques à l'art équestre dont on trouvera la définition dans Les Arts de l'homme d'épée, ou le Dictionnaire du gentilhomme (Paris, G. Clouzier, 1678) de Georges Guillet.

Les "marques d'un bon cheval" sont par ailleurs détaillées dans le poème de Gauchet, au sein du discours d'un chasseur expliquant à son interlocuteur les occupations d'un gentilhomme des champs :

Qu'il est aise de voir un poulain de trois ans,
De la taille du père, enfonçant par les champs
Une vite carrière avecque telle adresse,
Que l'oiseau mieux volant n'a point plus de vitesse !
Il rit dedans son coeur de le voir bien taillé,
Ouvert sur le devant d'un gris noir pomaillé ;
Le crin qui, sur le col, en ondes se compose,
Un gros oeil mi-dehors qui jamais ne repose,
Ains est toujours au guet ; le regard de travers,
La tête haute et sèche et les naseaux ouverts;
Une oreille pointue incessamment mouvante ;
Les aguez bien vidés, une bouche avenante
Qui, d'une écume blanche abreuvant tout le mors,
Au gré du vent jouera sortante de dehors.
Il voit la jambe après et forte et sèche et plate,
Un pied ni dur ni tendre ; une queue qui batte,
Et traîne jusqu'à bas ; un ventre modéré,
Court de corps et bien rond et proprement serré ;
Le trot grave et léger, et qui semble, superbe,
Vouloir braver gaillard et la campagne et l'herbe;
Surtout la croupe belle et le hennissement
Qui témoigne un grand coeur qui du père ne ment.

Quelques paragraphes plus loin, on lit ceci, qui n'est pas sans rappeler les propos de Dorante, racontant qu'on lui a proposé cent pistoles pour échanger son cheval contre une monture réservée au roi :

Mille écus est son prix, et résout à part soi
Ne s'en défaire point si ce n'est à son Roi ;
Car il espère un jour qu'en quelque bonne affaire
Il le pourra sauver des mains de l'adversaire.

Dans les deux cas, l'évocation du roi sert à mettre en relief la haute valeur du destrier.




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