Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Sur le théâtre


"j'étais sur le théâtre"
Les Fâcheux, I, 1 (v. 13)

"Je vis l'autre jour sur le théâtre un de nos amis, qui se rendit ridicule par là."
La Critique de L'Ecole des femmes, sc. V

Depuis la fin des années 1630, et jusqu'en 1759 (réforme dite "des banquettes" qui interdit de mettre des sièges sur la scène de la Comédie-Française), des sièges étaient disposés sur les côtés de la scène, ainsi que le confirme

Au début réservés aux valets accompagnant leurs maîtres, ces emplacements, sur lesquels on dispose des chaises puis des banquettes à la fin du siècle, accueillent ensuite des personnes plutôt aisées qui s’y montrent, si l'on en croit :

Plusieurs gravures reproduites dans un article de Sabine Chaouche témoignent de cette pratique.

Celle-ci est mise en cause dès le XVIIe siècle, comme en témoigne l'abbé de Pure dans ses Idées des spectacles anciens et nouveaux (1668) (5).

Dans un passage de ses Nouvelles nouvelles (1663), Donneau de Visé fait le récit d'une anecdote qui se déroule aussi "sur le théâtre" (6)


(1)

(gravure de J. Lepautre)

--

(2)

La lettre de Mondory à Balzac du 18 janvier 1637, à propos du Cid, signale :

La foule a été si grande à nos portes et notre lieu s’est trouvé si petit que les recoins de théâtre qui servaient les autres fois comme de niche aux pages ont été des places de faveur pour les cordons bleus ; et la scène y a été d’ordinaire parée de croix de chevaliers de l’ordre.

--

(3)

Il y a à cette heure [1657 selon G. Couton] une incommodité épouvantable à la Comédie, c’est que les deux côtés du théâtre sont tout pleins de jeunes gens assis sur des chaises de paille ; cela vient de ce qu’ils ne veulent pas aller au Parterre quoiqu’il y ait souvent des soldats à la porte et que les pages ni les laquais ne portent plus d’épées. Les loges sont fort chères, et il y faut songer de bonne heure : pour un écu, ou pour un demi-louis, on est sur le théâtre ; mais cela gâte tout, et il ne faut quelquefois qu’un insolent pour tout troubler. Les pièces ne sont plus guère bonnes.
(Tallemant, Historiettes, éd. A. Adam, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, p. 778).

--

(4)

Les acteurs ont souvent de la peine à se ranger sur le théâtre, tant les ailes sont remplies de gens de qualité qui n'en peuvent faire qu'un riche ornement.
(Chappuzeau, Le Théâtre français, 1674, p. 153)

--

(5)

Mais la chose qui regarde immédiatement le succès ou l’embarras du spectacle, c’est de tenir le théâtre vide, et de n’y souffrir que les Acteurs. Le monde qui s’y trouve, ou qui survient, tandis qu’on y joue, y fait des désordres et des confusions insupportables. Combien de fois sur ces morceaux de vers, « mais le voici, mais je le vois », que nos auteurs par un misérable entêtement de leurs prétendues règles, ne manquent point d’employer pour lier leurs scènes, combien de fois dis-je, a-t-on pris pour un Comédien et pour le personnage qu’on attendait, des hommes bien-faits et bien mis qui entraient alors sur le théâtre, et qui cherchaient des places après même plusieurs scènes déjà exécutées ?
(abbé Michel de Pure, Idées des spectacles anciens et nouveaux, Paris, Brunet, 1668).

(6)

Je me trouvai il y a quatre ou cinq jours à la comédie d’un de ces auteurs dont la réputation n’est établie que par la force ; j’étais sur le théâtre, auprès d’un jeune homme qui paraissait de qualité. Comme l’on cause quelquefois avec ceux auprès desquels on se rencontre et que l’on se dit souvent son sentiment les uns aux autres, il me dit que la pièce ne lui plaisait pas et qu’il n’y trouvait rien de bon.
(t. III, p. 185)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs