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Sujet de la pièce, contenu dans l'édition Pépinglé de 1668


ANONYME, "Sujet de la pièce", in Le Sicilien, comédie de Monsieur de Molière, Paris, chez Nicolas Pepingué, 1668

A l'orée de l'édition pirate susnommée figure une notice donnant des indications concrètes sur plusieurs jeux de scène prévus pour Le Sicilien, dont celui de la séance de peinture, également décrit dans l'"Histoire d'Abénamin et de Lindarache".


Il faut observer dans la première Scène, qu’Hali se poste devant la porte de D. Pedre qui est au côté droit du Théâtre ; et qu’en la Scène deuxième Adraste sort du côté gauche précédé de deux flambeaux que portent ses deux laquais, dont l’un se met à droite du Théâtre et l’autre à gauche : que l’on ne chante point dans la troisième Scène, et que l’on danse seulement une entrée de Ballet ; ce qui fait qu’il faut la retrancher, et qu’Adraste dit après ces mots : « J’y consens, voyons ce que c’est », il laisse aller Hali, et puis le rappelle ainsi quand il est à trois ou quatre pas de lui, et lui dit : « chut », « je trouve qu’il vaut mieux que l’on commence par [Page suivante] nos Violons afin de faire plus de bruit : toi, mets-toi contre cette porte, afin que si tu entends remuer dans le logis je fasse éteindre les flambeaux » ; et quand les Violons ont joué un air des plus nouveaux et que l’on a dansé une entrée, Hali vient avertir son Maître par ces mots : « Monsieur, je viens d’ouïr quelque bruit au dedans. »

Dans la quatrième Scène, D. Pedre sort de la porte, et s’en va reposer derrière le dos d’Adraste dans le moment qu’il appelle Hali, lequel étant auprès de lui, D. Pedre se met entre eux deux, toutefois plus en arrière ; et quand Hali a dit qu’il voudrait bien tenir le Sicilien pour le battre et pour se venger de lui, il quitte Adraste, et va à tâtons jusqu’à la porte, et cependant Adraste continue près du Sicilien, comme s’il parlait à lui, et dans le moment qu’il est averti que la porte est ouverte, D. Pedre y retourne, et se met au milieu d’icelle, si bien [Page suivante] qu’Hali et lui s’étant longtemps tâté le visage et la tête, D. Pedre donne un soufflet à Hali qui lui rend, comme il est marqué ensuite de la Rodomontade du Sicilien qui appelle ses gens : Adraste tire l’épée comme pour se défendre cependant qu’Hali fait plusieurs révérences tantôt vers D. Pedre et tantôt près d’Isidore, et se tourne vers icelle toutes les fois qu’il dit, avec la permission de la Signore ; ensuite il chante le premier couplet du Français et ce qui suit, savoir l’autre jargon ; et après que l’on a dansé il dit « Chiribirida » jusqu’à ce qu’il est chassé avec ses danseurs. Dans l’onzième Scène Adraste baise Isidore en la saluant, ce qui oblige D. Pedre à lui dire qu’on ne salue point leurs femmes ainsi : Et quand Adraste [Page suivante] dit : « allons apportez tout », ses deux laquais apportent le chassis à peindre, et le soutient avec la palette où sont les couleurs, et des pinceaux. Il faut observer que le chassis est de couleur blanche, qu’il y a un visage représentant l’Actrice, lequel visage est couvert de blanc, lequel s’efface fait à fait que le pinceau touche dessus, et ôte ledit blanc ; ce qui fait paraître que l’Acteur peint : pour les couleurs de dessus sa palette elles sont sèches, et ne servent que d’apparence, si bien que tout le blanc qui est sur le visage étant ôté, il semble que l’Acteur l’ait peint lui-même. Quand à la posture où est Isidore, elle est du côté droit, le Sicilien à l’opposite du côté gauche, et Adraste au milieu qui se lève de temps en temps pour la mettre à sa fantaisie, lui découvre lui-même le sein, ce qui choque le jaloux, qui approche son siège toutes les fois qu’Adraste se lève, il est obligé de dire à Isidore que l’on a [Page suivante] bien de la peine à la mettre : quant au moment où Hali le tire à quartier, après qu’il a dit « nous voilà assez loin », il détourne la tête, et voyant Adraste près d’Isidore, il quitte Hali pour les surprendre, mais Adraste l’apercevant lui dit : « je remarquais la couleur de ses yeux », au lieu de dire comme il est en la Pièce, « elle a les yeux bleus » : alors Adraste se rassit [sic], et D. Pedre rejoint Hali, et dans le moment qu’Hali parle à D. Pedre, et que D. Pedre demande quel est son ennemi, Adraste ayant achevé d’effacer le blanc qui couvrait le Portrait vient se remettre auprès d’Isidore où D. Pedre le surprend encore quand il dit à Hali : « je vous laisse aller sans vous reconduire ». Voilà les remarques les plus nécessaires : du reste vous suivrez le sens des Vers et les apostilles.




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