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Suis-je pour la chasser sans cause légitime
- "Mais qu'a-t-elle commis, pour vouloir de la sorte... [...]
- – Suis-je pour la chasser sans cause légitime? [...]
- – A-t-elle, pour donner matière à votre haine,
- Cassé quelque miroir, ou quelque porcelaine? [...]
- Est-ce qu'elle a laissé, d'un esprit négligent,
- Dérober quelque aiguière, ou quelque plat d'argent?
- – Cela ne serait rien. – Oh, oh! peste, la belle!
- Quoi? l'avez-vous surprise à n'être pas fidèle ?
- – C'est pis que tout cela. [...]
- Elle a, d'une insolence à nulle autre pareille,
- Après trente leçons, insulté mon oreille,
- Par l'impropriété d'un mot sauvage et bas,
- Qu'en termes décisifs condamne Vaugelas."
- Les Femmes savantes, II, 6, v. 433-460
Emilie, la femme savante de L'Académie des femmes (1661) de Chappuzeau, reprochait à sa servante sa méconnaissance de questions d'érudition
- EMILIE
- Lisette, donnez-moi ce tome de Plutarque.
- Vous me donnez Platon. Avez-vous l'esprit sain ?
- Lisez le dos, aveugle. Il est grec et latin,
- Mais je l'expliquerai, syllabe pour syllabe.
- AMINTE
- Le grec et le latin sont pour nous de l'arabe.
- EMILIE
- Sotte, ce n'est pas là le tome qu'il me faut.
- LISETTE
- Suis-je sorcière ?
- EMILIE
- Non, ce n'est pas ton défaut.
- Encore pis, esprit lourd, j'avais dit les Morales.
- Vite, allez les quérir. Que ces âmes brutales
- Font de peine, et comment, sans perdre la raison,
- Pourrait-on longtemps vivre avec un tel oison ?
- Elle m'a fait cent fois de pareilles saillies,
- Et n'a su distinguer les Morales des Vies.
- (III, 3, p. 41)
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