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Sous le nom d'un berger
- "CLÉANTE, sous le nom d'un berger, explique à sa maîtresse son amour depuis leur rencontre"
- Le Malade imaginaire, II, 5
Une situation semblable est développée
- à la scène II, 4 de Don Bertrand de Cigaral (1652) : Don Alvar fait le récit de sa rencontre avec D. Isabelle, sous le prétexte de la narration d'une nouvelle amoureuse ; les deux amants entrent dans les rôles des protagonistes et se déclarent mutuellement leur flamme ; la scène se déroule sous les yeux du rival et du père de la jeune fille.
- dans Le Courtisan parfait (1668) de Gabriel Gilbert : une scène représente une comédie impromptue lors de laquelle le berger Felismant (sous le nom de Clidamant) profite pour déclarer sa flamme à la duchesse (sous le nom de Daphnide) :
- AMARANTHE.
- Venez-vous Clidamant dans cette belle fête,
- Tâcher adroitement de faire une conquête ?
- CLIDAMANT.
- Non, non, je viens plutôt perdre ma liberté,
- Je viens pour révérer une illustre beauté.
- Pour orner son triomphe, et mettre bas les armes.
- AMARANTHE.
- Quelle est cette Beauté dont vous vantez les charmes ?
- CLIDAMANT.
- Je ne puis librement dire ma passion,
- Ni la nommer aussi sans indiscrétion ;
- Mais je veux d’un Amant lui raconter l’histoire,
- Sans perdre le respect, ni sans blesser sa gloire.
- SYLVIE.
- C’est être fort discret et fort respectueux.
- DAPHNIDE.
- Clidamant faites-nous ce récit amoureux.
- CLIDAMANT.
- Un amant reconnu sur les rives du Rhône,
- Que l’on voit dans son rang le plus proche du trône,
- Dans une illustre Cour connu pour étranger,
- Et qu’on voit aujourd’hui sous le nom de Berger,
- Et charmé des vertus d’une jeune Princesse,
- Dont la beauté divine égale la sagesse,
- Brûle, languit, se plaint, et soupire en secret,
- Entre tous les Amants il est le plus discret,
- Il veut dire sa peine, et celle qui la cause ;
- Il voudrait s’expliquer, et toutefois il n’ose ;
- Mais à la fin lassé d’un sort si rigoureux,
- Il la voit, il lui parle et découvre ses feux,
- La Princesse en rougit, semble en être interdite,
- Et lui pour le respect qu’il a pour son mérite,
- Finit cet entretien, et fait que son amour
- Est pour elle un Enigme, et pour toute la Cour.
- DAPHNIDE à PHILIS.
- Ce discours me surprend, que faut-il que je die ?
- Cet endroit n’était pas dans cette Comédie
- Qu’avait fait l’Arétin.
- PHILIS.
- Ce couplet est nouveau,
- Encor qu’il soit obscur, il me semble assez beau.
- DAPHNIDE à CLIDAMANT.
- De ce Prince amoureux laissons là l’aventure,
- Cet Enigme aussi bien nous paraît trop obscure,
- Et sans nous l’expliquer parlez-nous seulement
- De ce qui peut toucher le berger Clidamant.
- (III, 7, p. 41-42)
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