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Soumis aux volontés de celle qu'on aime


"La grande marque d'amour, c'est d'être soumis aux volontés de celle qu'on aime."
Le Malade imaginaire, II, 6

Ce principe avait été mis en discussion dans une conversation de la troisième partie (1657) de la Clélie des Scudéry :

Pour moi, dit Artélise, si j'avais un jour à donner mon coeur à quelqu'un, j'avoue que ce serait au plus obéissant de ceux qui prétendraient le conquérir, pourvu qu'il eut du mérite, parce que je croirais que ce serait le plus amoureux. En effet, dit Mélicrate, qui ôte l'obéissance à l'amour, lui ôte tout ce qui le distingue de l'amitié ordinaire, et de ce qui lui donne le titre de passion. L'amitié doit être complaisante, mais elle ne doit pas être absolument soumise ; un ami raisonne sur ce qu'on lui propose, il peut même contredire et disputer ; mais pour un amant, il doit toujours obéir.
[...]
Car enfin il faut regarder la volonté de la personne aimée, comme étant la nôtre, et il faut quand on s'aime parfaitement, qu'on ne puisse avoir d'intérêt séparé. Il faut que la libéralité soit une vertu oisive entre deux personnes que l'amour unit ; il faut ne pouvoir plus se rien prêter, ni rien donner ; il faut ne se remercier jamais de rien ; parce qu'il n'est rien de si difficile qu'on ne soit obligé de faire l'un pour l'autre.
(III, 3, p. 1404-1406)

Le comportement de Thomas Diafoirus, qui contrevient crûment à ce principe, correspond à celui du pédant amoureux que Donneau de Visé avait dépeint dans son chapitre "Manière d'aimer des pédants" du recueil L'Amour échappé (1669) (voir également "nego consequentiam") :

Il n'avait aucune complaisance pour sa maîtresse et, comme il avait l'esprit peu tourné à la galanterie, il ne pouvait s'empêcher de la reprendre souvent aussi aigrement qu'il avait fait ses écoliers. Après lui avoir fait bien des réprimandes,il lui alléguait pour excuse ce beau proverbe, que "Qui bien aime bien châtie". Quand il jouait avec elle, il ne lui pardonnait rien.
(p. 187-188)




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