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Signons une trêve


"[...] au nom des Dieux, donne-moi la licence
De parler un moment à toi.
- Parle.- Mais promets-moi, de grâce,
Que les coups n'en seront point.
Signons une trêve. - Passe;
Va, je t'accorde ce point.
Qui te jette, dis-moi, dans cette fantaisie?
Que te reviendra-t-il, de m'enlever mon nom?
Et peux-tu faire enfin, quand tu serais démon,
Que je ne sois pas moi? que je ne sois Sosie?
Comment, tu peux... - Ah! tout doux:
Nous avons fait trêve aux coups.
Amphitryon, I, 2, v. 406-417

La situation avait été développée


(1)

SOS.
Obsecro ut per pacem liceat te alloqui, ut ne vapulem.

MERC.
Immo indutiae parumper fiant, si quid vis loqui.

SOS.
Non loquar nisi pace facta, quando pugnis plus vales.

MERC.
Dic si quid vis, non nocebo.

SOS.
Tuae fide credo?

MERC.
Meae.

SOS.
Quid si falles?

MERC.
Tum Mercurius Sosiae iratus siet.

SOS.
Animum advorte. nunc licet mihi libere quidvis loqui.
Amphitruonis ego sum servos Sosia.

MERC.
Etiam denuo?

SOS.
Pacem feci, foedus feci. vera dico.

MERC.
Vapula.

SOS.
Ut libet quid tibi libet fac, quoniam pugnis plus vales;
verum, utut es facturus, hoc quidem hercle haud reticebo tamen.

MERC.
Tu me vivos hodie numquam facies quin sim Sosia.

SO. Je te prie de me donner congé de parler librement, sans être battu. ME. Je demeure d'accord d'une petite Trêve, si tu me veux dire quelque chose. SO. Je ne parlerai point que la paix ne soit faite, parce que tes poings te donnent de l'avantage sur moi. ME. Dis tout ce que tu voudras ; je ne te ferai point de mal. SO. Me puis-je fier à ta parole ? ME. Tu t'y peux fier. SO. Que sera-ce si tu ne la tiens pas ? ME. Que Mercure se courrouce contre Sosie. SO. Ecoute-moi dont : car il m'est permis de dire librement toutes choses. Je suis Sosie, serviteur d'Amphitryon. ME. Tu redoubles encore ? SO. J'ai fait la paix. J'ai ta parole, je dis la vérité. ME. Tu es un Coquin. SO. Ce qu'il te plaira. Fais tout ce que tu voudras, pour ce que tes poings te donnent de l'avantage sur moi. Mais quoi que tu puisses faire, je ne saurais m'empêcher de dire cela, et tu ne saurais faire d'aujourd'hui que je ne sois point Sosie.
(v. 388-398; trad. Marolles, 1658, p. 20-21)

(2)

SOSIE.

De grâce, permets-moi de parler librement,
Tu sauras qui je suis, en deux mots seulement.

MERCURE.

Oui parle, ma bonté t’accorde cette trêve.

SOSIE.

Amphitryon.

MERCURE.

Dis tôt.

SOSIE.

Sosie.

MERCURE.

Après achève.

SOSIE. [page 26]

Sosie, Amphitryon,

MERCURE.

Que crains-tu, parle tôt.

SOSIE.

Faisons donc trêve aux coups, ou je ne dirai mot.

MERCURE.

Oui, je te la tiendrai.

SOSIE.

Je te crois, mais sur peine.

MERCURE.

Que Mercure, à jamais prenne Sosie en haine.

SOSIE.

Pour rompre son serment, il est trop généreux,

MERCURE.

Parle.

SOSIE.

Je suis Sosie.

MERCURE, le battant. [page 27]

Encore, malheureux.

SOSIE.

Arrête, j’ai fait trêve, et ton serment te lie ;

MERCURE.

Ces coups sont un remède à guérir ta folie,
Et ton mal je m’assure, est décrû de moitié.

SOSIE.

Ô déplaisant remède, importune pitié !
Fais ce qui te plaira, mais cette violence,
Ne saurait plus longtemps, m’obliger au silence.
Ta fourbe peut bien être un obstacle à mes pas :
Mais toutes tes raisons ne me changeront pas.
Je n’emprunte le nom, ni la forme d’un autre,
Je suis le vrai Sosie, et ce logis est nôtre.
(I, 3)




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