Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Si je le puis faire en conscience


"Laissez-moi consulter un peu si je le puis faire en conscience. C'est un homme qui cherche son bien, qui tâche de pourvoir sa fille le plus avantageusement qu'il est possible, et il ne faut nuire à personne. [...] Cela est vrai; mais d'autre part voilà un étranger qu'on veut surprendre, et qui de bonne foi vient se marier avec une fille qu'il ne connaît pas, et qu'il n'a jamais vue; un gentilhomme plein de franchise, pour qui je me sens de l'inclination, qui me fait l'honneur de me tenir pour son ami, prend confiance en moi, et me donne une bague à garder pour l'amour de lui. Oui, je trouve que je puis vous dire les choses sans blesser ma conscience."
Monsieur de Pourceaugnac, II, 4

La manière dont Sbrigani traite son cas de conscience correspond à la casuistique telle qu'elle est décrite


(1)

Mais aujourd'hui par la subtilité de ces nouveaux docteurs, il n'y a plus que des gens d'esprit, qui puissent prétendre d'entrer en ce royaume; suffisant pour ne pécher pas si on les veut croire, de bien dresser son intention, et de ne se proposer pas certaines fins mauvaises, que tout homme de bon sens n'a garde d'avoir, quand, sans cela il peut faire en conscience ce qu'il a envie de faire.
(p. 150)

(2)

La question est de savoir si un homme qui, après avoir pesé toutes les raisons et toutes les autorités, demeure dans ce sentiment comme le plus probable qu'une action n'est pas permise selon la loi de Dieu, la peut néanmoins faire en conscience, parce qu'il y a quelque autre raison et quelque autorité qui semble prouver qu'elle est permise, quoiqu'il les juge moins convenables que celles qui lui montrent qu'elle est défendue. C'est ce qu'enseignent les casuistes : Etiam propria opinione tamquam probabiliori retenta ; et c'est ce que le seul sens commun fait juger à tous les hommes d'esprit, ne se pouvoir faire sans trahir sa conscience. Car, lorsque notre esprit est partagé entre diverses raisons et autorités, dont les unes lui persuadent qu'une chose est contraire à la loi de Dieu et les autres qu'elle n'y est pas contraire, il faut nécessairement qu'il demeure dans le doute s'il les juge égales [...] auquel cas il ne nous est pas permis de faire cette action ; ou, si les raisons qui nous font croire que la chose est défendue nous paraissent plus fortes et plus probables, il est impossible que notre jugement, c'est-à-dire notre conscience, ne s'y conforme ; et par conséquent nous ne la pouvons faire qu'en agissant contre le jugement de notre conscience, ce que tout le monde avoue être défendu, quand même notre conscience serait erronée.
(p. 823)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs