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Seigneur Corneillius


"Sganarelle est un nom qu'on ne me dira plus,
Et l'on va m'appeler Seigneur Corneillius."
Le Cocu imaginaire, sc. VI (v. 191-192)

Le jeu de mots qui consiste à attribuer à un cocu le nom latin de Cornelius avait été utilisé par La Mothe le Vayer, dans son dialogue "Du mariage" (Dialogues faits à l'imitation des Anciens, 1630) pour évoquer un mari trompé :

Or, pource que la magistrature de ce personnage et la grande connaissance qu'il a du droit ancien le rendent comparable aux Romains, vous trouverez bon que je lui donne pour cette heure le nom de Publius Cornelius Curnua.
(Francfort, Jean Savius, 1716, t. II, p. 433)

A la suite de son apparition dans Le Cocu imaginaire, on le retrouvera dans la quatorzième des conférences recueillies par Richesource, datée de 1664 ("Si celui qui est cocu sans qu'il le sache est plus malheureux que celui qui passe pour tel sans qu'il le soit"), qui proposera toute une variation sur le thème :

les Romains, qui étaient jaloux d'honneur et de gloire plus qu'aucune nation du monde, sacahchant l'excellence des cornes, voulurent que leurs plus illustres familles en tirassent leurs noms; c'est pourquoi nous lisons si souvent dans l'histoire romaine Lucius Cornelius Sulla, Cneus Cornelius Lentulus, [...] qu'on ne croie pas pourtant que la famille des Corneilius soit éteinte. Cornelius Tacitus et Cornelius Publius ont bien des descendants dans cette grande ville de Paris.
(t. II, p. 562)

Il connaîtra fortune également sur la scène du Théâtre italien des années 1660, ainsi que le révèlent les notes personnelles de Biancolelli. Dans le spectacle des "Tapis", Arlequin commente par ces termes la découverte d'une lettre adressée par sa femme à un galant :

Maintenant, au lieu de me nommer Arlequin, on ne m'appellera plus que le seigneur Cornelio
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 276)

De même, dans le "Festin de pierre" :

Dans cette scène qui se passe à la campagne, je badine avec les villageoises et je dis au mari de l'une d'elles : "Si vous n'êtes pas le Seigneur Cornelio, vous le serez bientôt"
(ibid., p. 304)




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