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Robinet, Lettre en vers à Madame du 22 décembre 1668


Il faut, pour Nouvelle frontière,
À propos, ici, de MOLIÈRE,
Marquer que ce célèbre Esprit
Qui sans aucun relâche écrit,
Avec, certe [sic.], une gloire extrême,
A, depuis peu, fait un Poème
Si noble, si brillant, si beau
Et si digne de son Cerveau,
Sur la GLOIRE DU VAL-DE-GRÂCE,
Où le Pinceau de MIGNARD trace
Tout ce que son Art a de grand,
Que j’ose bien être garant
Qu’en ce bel Ouvrage il excelle
Et qu’il tire après lui l’échelle.
Ce Mignard, sans doute, est fameux,
Et, par ses Chefs-d’œuvre pompeux,
Qui d’un MONARQUE tout sublime
Lui méritent la haute estime,
Peut, sur les ailes du Renom,
Faire en tous lieux voler son nom :
Mais ce Renom, à le bien dire,
Ne pouvait mieux se faire instruire
Des merveilles de son Pinceau,
Pour en faire un parlant Tableau,
Que par les Rimes héroïques,
Toutes grandes et magnifiques,
De ce Favori des Neuf Sœurs,
Qui lui prodiguent leurs faveurs
Dedans tous les genres d’écrire,
Où justement chacun l’admire.

Ce Poème saint, tout autant
Qu’il est fort, pompeux, éclatant
Et rempli de doctes merveilles,
Qui couronnent ses nobles Veilles,
A surpris et charmé tous ceux
Qui l’ont ouï, dans maints bons Lieux,
Où même, avecque tant de grâce,
Suivant sa mémoire à la trace,
Son grand Auteur l’a récité
Qu’au double on était enchanté.

Par une faveur sans égale,
J’ai pris ma part à ce Régale [sic.]
Chez une ILLUSTRE de ce temps
Dont les mérites éclatants
Sont d’un ordre extraordinaire,
Ainsi que vous pourrez le craire [sic.],
Ayant su son Nom que voici :
C’est MAD’MOISELLE DE BUSSY,
Nom qui dit plus qu’on ne peut dire,
Et dont je ne puis, sur ma Lyre,
Faire assez dignement sonner
Le los que je dois lui donner.

(Texte saisi par David Chataignier à partir du Tome III (années 1668-69) de l'édition du Bon Nathan-James-Edouard de Rothschild et de Émile Picot, 1881-1883, Paris, D. Morgand et C. Fatout éditeurs).




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