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Robinet, Lettre en vers à Madame du 18 août 1668
- Comme chacun, à leur exemple
- (Que toute la Ville contemple),
- De se signaler est ravi,
- C’est ce qu’on a fait à l’envi,
- Et j’en fis en mon autre Épître
- Un assez spacieux Chapitre ;
- Mais, vraiment, les COMÉDIENS,
- Tant les Français qu’Italiens,
- Ont, depuis, témoigné leur zèle
- De façon si noble et si belle,
- Et sans aucun égard aux frais,
- (Car on en fait, je vous promets,
- Dedans une Rencontre telle,
- Tant en violons qu’en chandelle) ;
- Ils ont, dis-je, d’un si bel air
- Leur affection fait briller,
- Donnant GRATIS la Comédie
- À quiconque en avait envie,
- Et c’est-à-dire à tout Paris,
- Qui la voulut voir à ce prix,
- Qu’ils méritent bien que l’Histoire
- En conserve aussi la mémoire.
- À l’HÔTEL, le Sieur FLORIDOR,
- Lequel, quand il lui plaît, dit d’or,
- Fit admirer sa belle Langue
- En une fluide Harangue,
- Touchant cette NATIVITÉ
- Qui cause notre gaieté ;
- Et, tant lui que sa COMPAGNIE,
- De qui chacun le Ciel bénie [sic]
- (Car je suis bien venu chez eux),
- Firent, sans doute, de leur mieux,
- Et c’est une chose pareille
- Que si je disais à Merveille.
- Je dois, au Spectateur loyal,
- Dire aussi qu’au PALAIS ROYAL
- (Car j’y fus en très bonne place,
- À MADEMOISELLE HUBERT grâce),
- L’excellente TROUPE DU ROI
- Fit à ravir, en bonne foi,
- Tant dans les FÂCHEUX, qu’on peut dire
- Des Fâcheux qui nous font bien rire,
- Que dans le MÉDECIN FORCÉ,
- Où, depuis qu’on a commencé
- Jusqu’à la fin, que l’on s’étouffe ;
- Mais, entre les deux, leur Auteur,
- Et qui l’est de belle hauteur,
- Fit, en cinq ou six Périodes,
- Valant six des meilleures Odes,
- Un Discours qui bien reçu fut,
- Et dans lequel beaucoup me plut
- Une Comparaison d’Hercule,
- Ou que sa Chemise me brûle !
- Outre cela, sous sept Habits,
- Aussi vrai que je vous le dis,
- Ce brave Auteur, le Sieur MOLIÈRE,
- Joua de façon singulière,
- Et se surpassa ce jour-là :
- C’est tout dire, disant cela.
(Texte saisi par David Chataignier à partir du Tome III (années 1668-69) de l'édition du Bon Nathan-James-Edouard de Rothschild et de Émile Picot, 1881-1883, Paris, D. Morgand et C. Fatout éditeurs).
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