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Qui est plus criminel


"Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n'a que faire ?"
L'Avare, II, 2

La formulation de la réplique rappelle celle qui avait été prononcée dans une situation semblable à la scène I, 8 de La Belle Plaideuse (1655) de Boisrobert (1)

Les pratiques usuraires avaient été explicitement dénoncées

Elles le seront encore dans le Traité de l'usure de Bossuet, rédigé en 1682.

Elles sont présentées comme un des "injustices" des avares dans le sermon "Sur l'attachement aux richesses" du Père Giroust (1624-1689) (5)

(1)

ERGASTE
Qui doit être enfin le plus honteux,
Mon père, et qui paraît le plus sot de nous deux ?
(I, 8, p. 17)

(2)

Sont également coupables de rapine: ceux qui ne paient point à l’Eglise et aux princes les impôts, les tributs, les dîmes et tout ce qui leur est dû, ou bien qui le détournent à leur profit: les usuriers, ces ravisseurs si durs et si cruels qui pillent le pauvre peuple, et l’écrasent de leurs intérêts exorbitants. — L’usure est tout ce qui se perçoit au delà de ce qui a été prêté, soit argent, soit autre chose qui puisse s’acheter et s’estimer à prix d’argent. — II est écrit dans le Prophète Ezéchiel : « Ne recevez ni usure ni rien au delà de votre prêt. » Et Notre-Seigneur nous dit dans Saint Luc : « Prêtez sans rien espérer de là. » Ce crime fut toujours très grave et très odieux, même chez les païens. De là cette maxime: Qu’est-ce que prêter à usure ? Qu’est-ce que tuer un homme ? pour marquer qu’à leurs yeux, il n’y avait pas de différence. En effet, prêter à usure, n’est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même chose, ou bien vendre ce qui n’est pas ?
(XXXV, "Du septième commandement", § 4)

(3)

S'il est permis d'amasser du bien, toutes les voies propres pour en acquérir ne sont pas permises. Il y en a qui paraissent honnêtes et en quelque façon nécessaires, comme les usures et les prêtes d'argent à gros intérêts; et cependant elles sont défendues. Qu'en pensez-vous, Ezechiel ? Ce que j'en pense ? celui qui afflige le pauvre, qui lui ravit son bien, qui ne lui rend pas les gages qu'il lui a confiés, qui prête à usure, et qui exige au-delà de ses droits, celui-là mourra et sera réprouvé. Egenum et pauperem constritantem, rapientem rapinas, pignus non reddentem, ad usuram dantem et amplius accipientem, aliaque detestanda facientem, morte moriturum (Ezechiel, XVIII).
(Sermon XCII, "Sur l'avarice", Sermons de M. Joly, évêque d'Agen, 1702, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. XXXII, p. 1267)

(4)

L'avare adore l'or et pour en faire amas,
S'il sait la loi divine, il ne la garde pas.
L'usure à son esprit ne paraît point un crime,
Mais, que dis-je, en ce siècle on la rend légitime ;
On en ouvre la porte, on farde sa laideur,
On en dresse des plans, on en ôte l'horreur ;
Et par l'intention, par la fin qu'on déguise,
On cherche à contenter l'humaine convoitise.
Et toutefois, Seigneur, celui qui dans les cieux,
Un jour établira son trône glorieux,
Doit avoir le coeur pur, doit avoir l'âme pure,
Et n'être point souillé d'avarice et d'usure.
Prête, nous dites-vous, à ton frère chrétien,
Mais que ce prêt soit franc, et n'en exige rien.
Fidèles, révérez cet oracle adorable,
N'y cherchez point de glose à vos sens agréable,
Rangez sous votre loi votre cupidité,
Amassez des trésors, mais pour l'éternité,
Et sans trop vous flatter de ce vain avantage,
Sachez que de vos biens, vous n'avez que l'usage.
(p. 10-11)

(5)

Je ne finirais point si j'entreprenais de faire le dénombrement de toutes leurs injustices. Combien de chicanes et de détours ? combien de concussions et de tyrannies ? combien d'impressions secrètes ou de violences ouvertes ? combien de traités iniques et de contrats usuraires ?
(Sermon XXXI, Sermons du P. Giroust, pour l'Avent et le Carême, 1704, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. ?, p. 414)



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