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Que m'importe


"Encor? Que de coups de chapeau!
- Monsieur, un tel abord vous interrompt peut-être ?
- Cela se peut. Mais quoi? l'honneur de vous connaître
M'est un si grand bonheur, m'est un si doux plaisir,
Que de vous saluer j'avais un grand désir.
- Soit.
- Et de vous venir, mais sans nul artifice,
Assurer que je suis tout à votre service.
- Je le crois.
- J'ai le bien d'être de vos voisins,
Et j'en dois rendre grâce à mes heureux destins.
- C'est bien fait.
- Mais, Monsieur, savez-vous les nouvelles
Que l'on dit à la cour, et qu'on tient pour fidèles ?
- Que m'importe ?"
L'Ecole des maris, I, 3 (v. 283-293)

Dans L'Ecole des jaloux (1664) de Montfleury, on trouve une scène similaire dans laquelle Santillane tente de se défaire des importunes salutations de Gusman :

GUSMAN :
Monsieur étant chargé de l'ordre que me donne
Mon maître D. Carlos, je viens en sûreté
M'informer de l'état...

SANTILLANE :
Fort bien, de ma santé.
bas Je craignais qu'il n'allât me parler de ma femme.

GUSMAN :
Il vous baise les mains, Monsieur, et pour Madame
D. Carlos m'a chargé de prendre même soin.

SANTILLANE :
Diable, ce D. Carlos sent les gens de bien loin,
Elle se porte fort bien à notre service,
Le maudit embarras ! bas

GUSMAN bas :
Ah le plaisant caprice.
Monsieur le Gouverneur se flatte de l'espoir
De vous loger tous deux, ou du moins de vous voir,
Il meurt d'impatience, et tout l'éclat qui brille
Dans les yeux...

SANTILLANE :
Serviteur, nous sommes en famille,
Et nous sommes fort bien ; Monsieur le Gouverneur
Pourra savoir de vous qu'il nous fait trop d'honneur [...]

GUSMAN :
Mais Monsieur...

SANTILLANE :
Mais, allez, vous le faites attendre.

GUSMAN :
L'ordre que j'ai, Monsieur.

SANTILLANE :
Que de raisonnement ! [...]

GUSMAN :
Monsieur, encore deux mots.

SANTILLANE :
Rentrons, je suis pendu si j'en dis davantage.
Serviteur.

(I, 5)




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