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Quatre-vingt-dix ans


"Je vois, Monsieur, que vous me regardez fixement. Quel âge croyez-vous bien que j'aie? - Je crois que tout au plus vous pouvez avoir vingt-six, ou vingt-sept ans. - Ah, ah, ah, ah, ah! J'en ai quatre-vingt-dix. .- Quatre-vingt-dix? - Oui. Vous voyez un effet des secrets de mon art, de me conserver ainsi frais et vigoureux."
Le Malade imaginaire, III, 10

L'immortalité est un exemple extrême de "faux miracle" qu'invoque Pascal dans la version des Pensées publiée en 1670 :

Si un homme se vantait d'empêcher de mourir, personne ne le croirait, parce qu'il n'y a aucun exemple de cela. Mais comme il y a eu quantité de remèdes qui se sont trouvés véritables par la connaissance même des grands hommes, la créance des hommes s'est pliée par là ; parce que la chose ne pouvant être niée en général, puisqu'il y a des effets particuliers qui sont véritables, le peuple, qui ne peut pas discerner lesquels d'entre ces effets particuliers sont véritables, les croit tous. [...] Ainsi il me paraît qu'il n'y a tant de faux miracles, de fausses révélations, de sortilèges, que parce qu'il y en a de vrais.
(p. 229)

Un personnage évoqué dans la "Lettre pour les Sorciers" de Cyrano de Bergerac se vantait de posséder un secret de "médecine universelle" qui lui procurait l'éternelle jeunesse :

Aussitôt que nous fûmes entrés : "Vante-toi, me dit-il (en se tournant vers moi), d'avoir contemplé le sorcier Agrippa, et dont l'âme (par métemphysicose) est celle que jadis aimait le savant Zoroastre, prince des Bactriens. Depuis près d'un siècle que je disparus d'entre les hommes, je me conserve ici par le moyen de l'or potable, dans une santé qu'aucune maladie n'a jamais interrompue. De vingt ans en vingt ans, j'avale une prise de cette médecine universelle, qui me rajeunit, restituant à mon corps ce qu'il a perdu de ses forces".
(Oeuvres diverses, 1662, p. 85-86)




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