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Quantité de pain trempé dans du vin


"Monsieur, que croyez-vous qu'il faille faire à cette maladie? - Ce que je crois, qu'il faille faire? - Oui. - Mon avis est qu'on la remette sur son lit: et qu'on lui fasse prendre pour remède, quantité de pain trempé dans du vin. - Pourquoi cela, Monsieur? - Parce qu'il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique, qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu'on ne donne autre chose aux perroquets: et qu'ils apprennent à parler en mangeant de cela?"
Le Médecin malgré lui, II, 4

On trouve mention d'un tel remède dans le Discours de la conservation de la vue, des maladies mélancoliques des catarrhes et de la vieillesse (1598) de Du Lorens :

Mais quand l'accès de l'hypocondriaque travaillera le malade, il faut user d'autres remèdes [...] Si c'est la faiblesse, on prendra tout pour fortifier le coeur, on prendra de l'alkermes, du pain trempé dans le vin.
(p. 366-367)

L'usage du pain trempé dans le vin en tant que nourriture des perroquets avait été mentionné dans L'Histoire véritable de Lucien :

Sitôt que nous fûmes arrivés, on couvrit pour le souper, où nous fûmes servis magnifiquement de toutes sortes de mets, et mangeâmes de petits oiseaux qui n'étaient que comme des pelotons de graille. Nos ambassadeurs prirent place avec nous ; mais les perroquets le perchèrent deçà et delà, au-dessus de nos têtes, où l'on leur donnait à manger de tout ce qu'il y avait sur la table, comme l'on fait aux enfants ; mais ils aimaient particulièrement le pain trempé dans du vin.
(trad. de Perrot d'Ablancourt, t. II, éd. de 1659, p. 479)

La proposition de remèdes saugrenus est un jeu comique traditionnel du valet balourd déguisé en médecin ou en opérateur, dans les spectacles de commedia dell'arte:


(1)

A un qui dit qu'il a grand mal aux pieds, je dis qu'il faut couper la tête, par la règle contrariis contraria curantur.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 460)

(2)

Pour le mal de dents, prenez-en la grosseur d'un pois, mettez-le dans la bouche, fermez-la pendant cinquante jours seulement sans l'ouvrir, vous n'aurez plus de mal de dents
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 469)

(3)

TRUFALDINO
Vi compatisco e mi dispiace molto della vostra malattia, ma per quanto posso intendere questa vostra sara podagra.
[...]
MAGNIFICO
Hò bene inteso che la podagra viene a i piedi.

TRUFALDINO
Non ve ne intendete, i mali son come il piombo che hoggi uno, domani l'altro e compagnandosi insieme vengono a farne una massa, la massa de molti mali l'una gran quantita, la gran quantita fa peso, il peso poi è quel che va al fondo; così vogliamo dire noi, che la vostra figlia havendone di più specie, così quelli con peso poi è quel che va al fondo; così vogliamo dire noi, che la vostra figlia havendone di più specie, così quelli con peso grande girando e raggirando questa massa corporea, va a calare al fondo quale sono i piedi, & ivi dicitur Galeno, Avicenna, Mesve, & altri che per brevita si tralasciano, viene chiamata podagra; che dite voi ò mio discepolo?
(I, 8)




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