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Quand je vois vivre entre eux les hommes
- "Quand je vois vivre entre eux, les hommes comme ils font;
- Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
- Qu'injustice, intérêt, trahison, fourberie.
- Je n'y puis plus tenir, j'enrage, [...]"
- Le Misanthrope, I, 1, v. 92-95
Dans son petit traité "De la vaine présomption", La Mothe le Vayer fait le même constat qu'Alceste, mais préconise une attitude opposée :
- Un Ancien disait qu'il était fort difficile qu'on s'abstînt d'écrire de son temps quelque satire, vu ce qui s'y passait tous les jours, et il semble qu'on pourrait soutenir de même qu'il est comme impossible à ceux qui voient toutes les sottes vanités du grand monde d'être assez retenus pour n'user contre elles d'aucune invective. Mais je ne suis pas de cet avis et je pense que, hors ceux qui montent expressément en chaire pour déclamer sur ce sujet, et ut medicinam moribus faciant, comme parle Tertullien, les autres peuvent bien, sans approuver en cela ce qui ne leur plaît pas, vivre à leur mode et laisser faire les autres comme ils l'entendent, puisqu'ils n'ont point de juridiction sur eux. Outre qu'il y a beaucoup de témérité pour un particulier de vouloir réformer le monde, il lui est si aisé de se taire et de porter le doigt sur cette partie où toutes les statues d'Harpocrate mettaient le sien, qu'en vérité c'en est presque toujours par impuissance d'esprit qu'on se dispense d'en user autrement. Le silence fournit tant d'agréables entretiens à ceux qui en savent bien user qu'il n'y a guère que les inconsidérés qui le rompent pour dire des vérités importunes, outre qu'elles sont presque toujours inutiles.
- (Oeuvres, VII, 1, p. 92sq)
La réaction d'Alceste, qui souhaite "fuir, dans un désert, l'approche des humains", s'oppose au point de vue modéré défendu par le personnage de Philinte ("quelques dehors civils, que l'usage demande", "le monde, par vos soins, ne se changera pas" et "des moeurs du temps mettons-nous moins en peine").
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